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LA VRAIE HISTOIRE DE VIEUX VERT

Updated: Sep 24, 2023


‘LA VRAIE HISTOIRE DE VIEUX VERT’



Partie un


‘La ruée d’exploitation’


Par: Norman Guertin



‘POURQUOI T'AS DEUX MACHINES À LAVER, MAMAN; CELLE-LÀ, PI CELLE-LÀ?’, VINT LE MURMURE DANS LA TÊTE DE LA SÉNIORE. DOUZE MOTS D’ENFANT TRANSPORTÉS À TRAVERS LE TEMPS, UNE MÉMOIRE AUTOBIOGRAPHIQUE QUI N’A JAMAIS ÉCHAPPÉ CETTE PERSONNE ÂGÉE DU DISTRICT D’ALGOMA.


La Baie Lochalsh en Ontario; communauté dans le nord de cette belle province canadienne—p’tite collectivité d’habitants justifiant sa maigre existence.


Bel endroit! Grande chasse; pêche fabuleuse—du poisson en masses! Merveilleux local pour l’amateur de plein air; potentiellement lucratif pour l’ambitieux—mais pas un endroit pour les faibles et faibles.


En matière de communication écrite, j’ai couché cette communauté pittoresque sur papier; là, dans cette p’tite place, je vous assure qu’il y a de l’histoire. J’irais jusqu’à dire que c’est collé partout en dedans d’elle.


Ce même liquide visqueux, à vrai dire, semble maintenir son nom à trois syllabes—Baie Lochalsh—ainsi que son histoire, totalement intacte—ses débuts, après tout, étant autochtones.


***


Loin dans le passé en Algoma, le développement colonial se trouvait entre les mains d’aventuriers; des hommes et des femmes de cœurs—des gens amoureux de nature. Ces nouveaux arrivés étaient prêts à relever les défis de vie rustique de front.


Tels étaient ceux et celles qui faisaient face aux épreuves que la nature leurs lançait. Ces colons pourraient se faire comparer à des flèches ciblées; à des projectiles lobés de façon rectiligne, directement vers le centre d’une cible. Rien ne les arrêtait—pas du tout!


Des obstacles dans les bois du nord de l’Ontario; il y en avait en abondance—de toutes sortes, même! Robustesse de forêts pénibles, collines et vallées rocheuses—des masses de moustiques avec leurs trempes insatiables pour le sang. Ce n’était pas facile!

Il y avait une gamme d’intimidations nordiques, une gamme de dissuasions—des barrages à toutes allures à surmonter. Elles semblaient grimacer devant les objectifs fixés par ces audacieux qui s’essayaient dans ce jeu d’épreuves.


Les eaux glacées du district; une autre adversité inquiétante. Fluides inodores; claires—hypothermiques, à part de cela. Liquide glacial capable d’aspirer jusqu’au dernier iota d’énergie de tout être vivant à sang chaud; les loups, les chevreuils, et les orignaux surestimant la sécurité des lacs et des rivières—les êtres humains, eux aussi!


Ces chercheurs de fortunes; ces êtres pleins de pisse et de vinaigre—toujours à l’avant-garde des nombreux défis ci-haut mentionnés. Une foule de prospecteurs; c’est ça qu’ils étaient, en fait! —des gens passionnés; du monde visant à découvrir des trésors enfouis.


C’était bien eux, ces membres déterminés de la race humaine; eux, ces fonceurs axés sur l’exploration minière—de grands voyageurs voulant déterrer les richesses minérales de la croûte terrestre.


Des stimulateurs de développement en Algoma; c’était ça qu’ils étaient, ce monde-là—des graines de croissance au nord de notre vie. C’était eux, les courageux dans cette histoire; les vraies responsables pour les débuts modernes de la colonie minière à la Baie Lochalsh.


***



‘EST-CE QUE TU ÉCOUTES CE QUEJE DIS?', QUESTIONNA MAMAN. TES YEUX SEMBLENT ME REGARDER D’UN AIR VIDE, MA FILLE!’ DU CHUCHOTEMENT DE CERVELLE; DES PENSÉES INTÉRIEURES, DES PENSÉES PROFONDES DANS CETTE TÊTE TOUTE ROUSSE, DES DE MÉMOIRES À LONG TERME.


SOUDAIN, PLUSIEURS DOUCES ASPIRATIONS MÉDITATIVES S’ÉCHAPPÈRENT DES LÈVRES À CETTE FEMME-LÀ.


Bien avant l’arrivée des commerçants et des missionnaires européens du dix-septième siècle, la région hydrographique dans laquelle se trouverait un jour cette communauté ci-haut mentionnée connaissait déjà une masse d’humains qui circulait ses voies navigables.


La part du lion fut autochtone; dans le temps, une mer d’Algonquins s’y faisait une vie là—des Cris et des Ojibwés. Les Inuits, de leurs parts, se trouvaient dans les régions plus septentrionales.


À l’intérieur de ce district dit Algoma, les élévations en topographie, c'est-à-dire les hauteurs de terrain, divisaient la région en deux bassins fluviaux distinctes.


Pour les peuples de Premières Nations, l’orientation des parcours de transport hydraulique était décidée purement par cette configuration divisée du territoire sur laquelle ils vivaient.


Dans le nord de l’Ontario, de telles hauteurs irrégulières traversèrent la province—d’un bout à l’autre. Une de ces fractures continentales en Algoma mesurait plus des milles de kilomètres en longueur. Même aujourd’hui, ça se voit en avion!


Dans ce district, ces hauteurs de terrain déterminaient la direction de tout écoulement d’eau; de l’eau des lacs et des rivières—même des plus p’tites coulisses imaginables!


Dans son hydrographie, ces eaux mouvementées n’avaient que deux choix; soi qu’elles coulaient sud, ou qu’elles coulaient nord en orientation—point finale!


Au sud, ces mouvements fluviaux gravitaient vers un très grand plan d’eau douce; le plus grand sur le globe terrestre, même! —le lac Supérieur. Aujourd’hui, comme elle l’a toujours été, l’eau de cette étendue colossale parcourt une longue distance à travers d’autres grands lacs.


Aujourd’hui, tel que ça l’était longtemps passé, l’eau de ce lac massif parcourt une longue distance à travers d’autres grands lacs. Puis, ces courants d’écoulement continental suivent un autre trajet encore plus long; elle se dirige vers ce grand océan occidental connu aujourd’hui sous le nom, Atlantique.


D’ailleurs, en examinant l’autre côté de cette démarcation en topographie, de laquelle on y réfère, tout autres cours d’eau nord de ladite division physique feraient son chemin jusqu’à la Baie James dans le grand nord de l’Ontario—vers cette immense superficie d’eau au-delà de nos vies.


Cette eau froide et en mouvement se rejoint ensuite à une différente superficie d’eau; une plus grande que la dernière! Elle aussi, est une baie; une très grande baie située à des latitudes supérieures à la précédente—la Baie d’Hudson.


Un dernier mélange final se fait; ce fluide inodore et clair de la Baie d’Hudson s’aboutis sous la partie la plus glacée de notre planète bleutée—l’Océan Arctique.


Voilà, alors; ce district d’Algoma positionnés en proximité et à toute allure. Là, entre ces deux géants géologiques, se trouve ces immenses fractures en topographie terrestre. Quelle image!


***


APPAREMMENT, MONSIEUR L’ÉCRIVAIN, À L’ÉPOQUE, J’ÉTAIS UNE P’TITE MIGNONNE AU VISAGE TACHÉ DE ROUSSEUR. CELA, M’A-T’ON SOUVENT DIT AU FIL DES ANS.’ LE RAPPORT VOCAL ET FANTOMATIQUE GLISSA À TRAVERS SON ESPRIT ÂGÉ; ÇA TRAÎNAIT COMME UN LOURD FARDEAU PAR-DESSUS UNE NEIGE COLLANTE—HISSANT DE SATISFACTION.


ELLE ÉTAIT FIÈRE D’EN PARLER, HEUREUSE DE POUVOIR REMÉMORER CES BELLES MÉMOIRES—ENCORE PLUS HEUREUSE QUE QUELQU’UN ÉCOUTAIT. ELLE SE SENTAIT CHATOUILLÉE QUE C’ÉTAIT EN TRAIN D’ÊTRE ENCRÉ


Sur cette extraordinaire géologie rocheuse où se braquerait un jour les colons de la Baie Lochalsh, un paysage accidenté s’étend dans toutes les directions cardinales.


Ça faisait penser à une surface étrange—super étrange, même! À première vue, le panorama révélé pourrait se comparer à celui d’un champignon bizarre appelé chagga.


Ce corps de champignon est brun et noir foncé—parasitaire aussi. Il est crevassé sur son extérieur irrégulier. Son excroissance, dure comme du bois, lui fait paraître plus laid que d’la peau de crapaud.


Imaginez le portrait d’un suceur de sang qui se repose sur un tel corps de champignon hideux—l’image fixe d’un minuscule phlébotome assoiffé. Visualisez, si vous le pouvez, ses ailes velues en forme de V visant en diagonale vers le haut.


Si vous voyez le portrait de la surface ardue de cette plante affreuse sur laquelle se trouve cet insecte, voilà le parallèle dressé à celui du terrain rigoureux dans ce nord ontarien; là où la Baie Lochalsh devait s’établir un jour—encore, pas une géographie pour les timides.


***


Au cours du pré-contact, ce terrain nord-ontarien où se trouve aujourd'hui cette communauté ci-haut mentionnée, n’était qu’un seul échantillon d’endroits parcourus par les autochtones déjà mentionnés.





Au fil du temps, les couvertures de l’homme blanc, ses mousquets à silex, ses bouilloires en cuivre, ses tomahawks de fer, et tous les autres articles commerciaux, se faisaient échangés contre des fourrures avec les Ojibwés et les Cris dans ce même territoire difficile.


À plusieurs reprises et pour une variété de raisons, les Blancs s’y présentaient en Algoma; soi pour le commerce, la pêche ou la chasse—ou simplement pour juste explorer la région.


***


‘À LA BAIE LOCHALSH DANS LE LAC WABATONGUSHI, LES POISSONS ÉTAIENT SI ABONDANTS QU’ILS EXAMINERAIENT DE PROCHE UN DOIGT HUMAIN PLONGÉ SOUS LA SURFACE DE L’EAU—ET BON DIEU, SI J’ÉTAIS UN MÂLE, JE N’Y ENTRERAIS CERTAINEMENT PAS TOUT NU!’, UN P’TIT RIRE LIBÉRÉ EN MURMURES QUI PROVOQUAIENT EN LINDA JOANNE.


Puis, le développement colonial progressait. Graduellement, une gamme de découvertes faites dans les alentours furent réalisées le potentiel qui existait dans le district—promouvant, par conséquence, une forte avance coloniale.


Au début du dix-neuvième siècle, lorsque les géologues fouillèrent fort le territoire à la recherche d’une longue liste de métaux précieux, une nouvelle aperçue fut mise sur scène. L’or est devenu à la pointe de ces fouilles; pas juste dans la Baie Lochalsh—mais ailleurs dans cette région.


Incorporé au niveau fédéral en 1881, l’avance inévitable du Chemin de fer Canadien Pacifique imprégna la région pour produire une réelle différence. Dans l’histoire romantisée de cette avance technologique, on disait qu’avec sa double voie d’or, elle faisait ses incursions vers toutes ces richesses du nord.


C’était là, que la ruée vers l’or fut lancée; elle fut mise en œuvre avec succès due à l’installation de ces fortes lignes métalliques en parallèles—une réalité indéniable!


***


‘Hier, les Liddle se sont acheté une télévision colorée, Pâpâ. C’est vraiment agréable ! Penses-tu en acheter une, un jour ?’, la nuance est venue sous forme de question; le souvenir lui-même, nostalgique. Un ménisque se brise, une larme coule sur son visage; la séniore aspire une profonde bouffée d’air.


Les jus créatifs, l’ingéniosité, la résolution de problèmes; trois ingrédients nécessitant le progrès technique—le déplacement des gens et des biens d’un endroit à un autre, étant le défi difficile à l’époque.

Dans la même province ontarienne, ces deux longues lignes d’acier disposées similairement pour de grandes distances nordiques vers la Baie Lochalsh partaient tout à fait de North Bay, une communauté à huit cent kilomètres est-sud-est d’elle—une belle p’tite place au bord de l’eau.



La double ligne du chemin de fer était parfaitement alignée—surement espacée de l’une et l’autre. Elle était bien ancrée; bien sécurisée sur de lourds bois enfoncés sous des rails s’étendant du quarante-sixième parallèle d’où se trouvait le lac nipissingue, jusqu’à la quarante-huitième, où la Baie s’enracinait de plus en plus.


Le voyage par rail—la vraie solution lorsqu’il s’agit de mobiliser le monde et de déplacer les marchandises. Avec cela en place, les sentiers de forêt et les cours d’eau se sont fait relégués au second plan.


Le -le, et ils viendront; le nouveau dicton pour les habitants de la Baie. C’était précisément le cas pour Charlie-Herbert Nilson, un Suédois qui s’y installa, est venu à la Baie Lochalsh au milieu du XXe siècle.


Cet homme était un travailleur du Canadien Pacifique; il s’est marié à une de ses employées. Ensemble, ceux-ci élevèrent deux p'tites filles—la deuxième de celle-ci, portant le nom de Linda Joanne.


L’extraction d’or ralentissait au moment où ce Pâpâ Nilson débuta sa vie dans le district d’Algoma. Avant son arrivée, les progrès cruciaux de la ruée vers l’or étaient la norme; par conséquent, cette collectivité du Nord de l’Ontario grandissait à pas de géant, dans le temps.


Ce n’était que durant la course vers l’or que cette communauté dans le nord de l’Ontario s’est développée; on pourrait même dire que durant cette époque, elle ballonnait à pas de géant!


Trente-neuf kilomètres de route pour voitures furent construits; du village de Goudreau jusqu’à la Baie Lochalsh. Ce chemin atténuait le problème de déplacement; ça promouvait une avance économique, aussi—une vraie balle dans le bras, on irait jusqu’à dire!


Tôt après, un service de taxi émergea entre ces deux villages. En termes de qualité de vie, cette nouveauté faisait une vraie différence pour ses résidents.


Ça n’a pas pris longtemps pour que la communauté compte une école, quelques magasins, des hôtels, une maison d’habitation pour le personnel, aussi—même un restaurant offrant des repas et de la boisson alcoolisée!


Une grande gare est devenue le point focal du village; plusieurs maisons résidentielles se sont faites construite dans les alentours—peut-être jusqu’à deux cents, même.


En peu de temps, là, à la Baie Lochalsh, est né un phénomène problématique; un embarras qui s’était perpétué depuis longtemps—les manques d’appui dans le domaine de santé.


Pour surpasser l’obstacle, un excellent service de train à deux chars appartenant au Chemin de fer Canadien Pacifique offrait quotidiennement aux résidents l’option de pouvoir consulter des médecins à Chapleau—une communauté vers le sud-sud-est.


De plus, chaque mois à la périphérie du village, deux autres chars—ceux-ci, des chars dentaires—se faisaient laisser sur un embranchement ferroviaire, juste en arrière de la maison verte des Nilson—un bâtiment étiqueté par son propriétaire avec que deux p’tits mots : Vieux vert.


Là, déconnecté et immobile pour une duration d’environ deux jours, les habitants de la Baie pouvaient capitaliser sur les services offerts.


***


‘OH LÀ-LÀ, MAMAN! TU ÉTAIS SI JEUNE LORSQUE TU AS FAIT ÇA! TE SENTAIS-TU PRÊTE; J’VEUX DIRE POUR PARTIR ET ALLER LÀ TOUTE SEULE COMME ÇA?’, LA VOIX DE L’ADOLESCENTE RÉSONNAIT EN DEDANS DE LA SÉNIORE QUI S’IMITAIT AVEC FERVEUR.


Autrefois, la Baie de Lochalsh était un p’tit village prospère; on la disait bénite—dorée et en plein essor. Aujourd’hui, de toute façon, cette communauté nord ontarienne n’est plus ou moins qu’un village fantôme.


Tout de même, c’était là où Linda Joanne Nilson vécu ses années de formation et d’adolescence; là, dans cette p’tite place nordique que la jeune fille unique aux taches de rousseurs vivait entre les années 1963 et 1974.


Présentement, l’essence de sa vie se trouve lacée dans le dessein de sa fabrique. Linda Joanne s’est accumulée de belles mémoires comme citoyenne nord-ontarienne; elle les a stockés, ces détails-là—profond dans le dos de son esprit.


Cette mignonne personne aux cheveux et au visage roux, n’en parlait pas souvent; mais à l’automne de l’année 2021, Nilson roula sur une toute nouvelle feuille quand son beau-frère l’approcha pour en savoir davantage; là, elle faisait une jasette à toute allure.


Linda Joanne discourra pour au-delà d’une heure!Elle parla de son histoire intime de vie dans ce p’tit village au nord de sa province.


Quasiment six longues décennies écoulèrent avant qu’elle soit prête pour étendre sa tapisserie de mémoires de cette place de mineurs; pour chaque Ontarien du nord, elle l’a faite; pour nous, les Francophones du Canada—pour le monde entier, même.


‘BONNE NUIT MAMAN! JE T’AIME COMME D’LA CRÈME.’


‘BONNE NUIT, LINDA JOANNE; FAIS DE BEAUX RÊVES, MA CHÉRIE.’—LES YEUX DE LA MÈRE ÉCARQUILLÉS EN DIAMANTS.



(Non-fiction—voir partie deux)









‘LA VRAIE HISTOIRE DE VIEUX VERT’



‘Mémoires d’une personne à l’aube de la retraite’


Partie deux


Par: Norman Guertin



Cette femme à l’aube de son âge d’or se souvient bien de sa vie antérieure dans le nord de l’Ontario; elle a vécu là pour le double de ses années de formation—seize, pour en préciser.


Présentement, la quasi-séniore partage son histoire personnelle avec Norman; un auteur dans son propre droit—un homme que Linda Joanne baptise, son écrivain.


Elle vit toujours dans cette même province canadienne, sauf que sa résidence permanente se trouve à plusieurs kilomètres au sud de sa maison d’enfance à la Baie Lochalsh; elle est dans un village pittoresque qui porte le nom de Trout Creek.


La p’tite communauté se situe à moins de vingt kilomètres du quatrième plus gros lac de sa province—à l’exclusion des grands lacs, pourtant.


Cette étendue d’eau douce—le lac Nipissingue; Nbisiing en Ojibwé—est un bassin gigantesque localisé sur le quarante-sixième parallèle géographique de la région septentrionale-occidentale sur planète Terre—dans la province de l’Ontario aussi, alors.


Le lac Nipissingue—peu profond et fameux en Amérique du Nord pour sa pléthore de poissons—est béni d’au-delà d’une quarantaine de spécimens. Il se situe juste à l’est d’une autre région hydrographique qui inclue la Rivière-des-Français et la Baie Georgienne, dans lesquelles ses eaux coulent.


***


Dès le début de la conversation cœur à cœur avec l'écrivain, Linda Joanne Nilson plonge méticuleusement dans les détails de ses premiers jours en Algoma.


C’est l’automne de 2021. Elle débute son partage en touchant non seulement ses années de formation, mais éventuellement, son adolescence aussi.


Ce début de baratin de paroles se rapporte exclusivement à sa jeunesse. Cette femme à la chevelure rousse parle une séquence bleue, sachant que Norman, lui aussi, héberge un intérêt personnel pour le nord.


Dans sa parlé intime, Linda Joanne confie à l’auteur une cargaison de détails se rapportant à sa vie dans cette p’tite communauté elle vécut, un jour. L’information circule de ses lèvres comme le sirop d’érable coule des arbres au printemps. Son histoire émeut son audience.


Ça l’émeut assez qu’il porte attention particulière à cette rousse impressionnante qui suscite tellement son intérêt. Tout de même, d’après ce qu’elle mettait en lumière—certains oublis laissés ailleurs—ça ne représentait pas vraiment grand-chose, suggérait-elle avec humilité.


Son auditoire—Norman—cependant, n’était pas d’accord avec cela lorsqu’il entendit ce qu’elle avait à dire. Ses souvenirs de gamine étaient bien meilleurs que les siens n’auraient jamais pu l’être, admettait-t-il.


L’écrivain—sénior lui aussi—demeurait toute ouïe, alors. Il faisait tout pour saisir même le moindre détail; Norman était reconnaissant du fait que la quasi-séniore ait même pu repenser jusqu’à sa p’tite enfance—et avoir le cœur de revoir ces mémoires consciemment rappelés.


C’est de même que l’automne de ’21 termina pour cet homme.


***


En parlant, Linda-Joanne disait les choses telles qu’elles étaient. Elle était franche et directe; l’honnêteté dégoutait de ses lèvres comme un robinet qui fuit—goute après goute.


Elle poussa sa narration plus loin que Norman s’attendait d’elle. Sa voix imitait bien celles de son enfance et adolescence—avec dialogues et gestes précis, à part de cela! Au mieux de ses capacités, elle faisait écho à son passé—et semblait réussir, aussi.


Norman se disait qu’elle avait manqué son appel. La précision de ses simulations de voix était plus qu’impressionnante—ce qui, bien sûr, les rendait tout à fait crédibles.


***


En 1964, l’année précise que les Beatles ont fait leur apparence initiale sur l’émission ‘The Ed Sullivan Show’, Linda-Joanne Nilson séniore n’avait que cinq ans—ce qui fait un recul de quasiment cinquante-huit ans.


Ses souvenirs les plus lointains rappellent un grand incendie qui prit place lorsqu’elle avait cet âge—juste à l’autre bord du chemin de sa maison dans la p’tite communauté dans laquelle elle grandissait.


Sud de sa fenêtre de chambre, les flammes orange et rouges et blanches pourléchaient la troposphère par-dessus le magasin à deux étages. Encore aujourd’hui, cette citoyenne âgée voyait ce feu enragé dans sa tête!


De sa mémoire, l’aînée les discernait se mélanger contre un arrière-plan d’étoiles étincelant contre un firmament qui devenait progressivement foncé. En elle, cette image de feu semblait fixée pour toujours.


‘J’étais bouche bée!’, disait-elle à l’écrivain. ‘Je me sentais envahie par ce que je témoignais en dehors de ma fenêtre de chambre; étonnée à toute allure—effrayée, si tu veux.’


‘Dans le temps, je dévisageais la scène; les flammes infernales pourléchaient à des hauteurs inimaginables—peut-être jusqu’à soixante pieds dans le ciel!’


Intérieurement, cette fillette à la gueule arrondie ouverte voyait ce qu’elle n’aurait dû jamais voir; ce n’est pas surprenant que l’imagerie de flammes extrêmes s’est gravée sur l’ardoise vierge de son esprit.


La voici devant l’écrivain, aujourd’hui; la voici, âgée de plus que soixante ans ce vingt et unième année du même siècle—une adulte ainée décrivant une scène pitoyable comme si ce n’est arrivé qu’hier.


Au-delà du feu, Linda-Joanne réussi à évoquer une myriade de souvenirs de bambine—des mémoires typiques de sa mère—Lucienne Marie Ouellet Nilson.


Cette femme de son passé se trouvait encrée dans son cerveau; des songes intimes remémoraient là, en dedans d’elle—des pensées extrêmement profondes.


***


‘Ma mère travaillait fort, Norman—très fort! Dans cette tête’—doigtant son temple droit—‘je la vois besogner incessamment—la travaillante. Elle besognait toute la journée, incluant les fins de semaines, même!’


‘C’était elle, en charge du lavage de literie pour le Camp Lochalsh; la responsabilité était entièrement la sienne!’, Linda-Joanne disait à son auditoire.


L’écrivain ne faisait qu’écouter avec persévérance—ni plus, ni moins. Rien ne lui déraillerait tandis qu’il s’accrochait à sa voix; il buvait les paroles qu’elle exprimait avec cœur—s’y suspendait sur tout ce qui sortait d'entre ses lèvres.


‘Maman avait deux laveuses-essoreuses à rouleaux,’, lui disait-elle, ‘une portant la marque Viking, et l’autre, la marque de Kenmore. Ces deux originaux dataient de l’époque de l‘après-guerre—1946.’


‘Quatre années plus tard, aux usines, l’invention des machines à laver automatiques fut déclarée. Ça n’avait pas d’importance pour Lucienne Marie—ma mère—tout de même; les rondelles essoreuses régnaient dans la journée. Ce n’était pas vraiment pour maman, tout de même.’


‘À l’exception de ces deux antiquités, un abstrait en demi-douzaine de cordes à linge entrecroisait notre cour comme trois toiles d’araignées, ce qui amenait le non-informé à se fabriquer des pensées étranges.’


‘Draps et draps, plus une série de taies d’oreiller, battaient au milieu des brises estivales sifflant de l’autre côté de la grande baie du lac Wabatongushi. Ceci, dans le temps, était notre cour—une cour typique de Nilson!’, sa voix grinçait.


‘Notre lin blanc voltigeait la cour comme une myriade de geais gris au vol; ceci contrebalançait, en grande partie, la teinte verte opaque de la vielle maison—une scène unique qui attirait l’œil.’


Dans l’esprit à Linda, cette mémoire s'y démarquait.


‘Certains s’auraient demander combien d’enfants vivaient sous ce toit vert; et pourquoi une famille individuelle aurait-elle besoin d’autant de cordes à linge—et de literie, aussi?’


‘Les touristes de la Baie Lochalsh ne comprenant pas ce qui se passait sur cette propriété se sentait confus; ces gens emporteraient ce bagage de mystères avec eux lorsqu’ils quitteraient notre village nordique.’


‘Une fois partie au loin, les vrais bavards entre ces touristes en auraient jacasser sans arrêt; il en aurait eu du cancan—aucun doute!’, disait-elle.


Linda Joanne prit une grosse bouffée d’air. Elle l’expirait comme si c’était elle qui travaillait comme une folle pour le Camp Lochalsh—et non pas sa mère.


Puis, aussi vite qu’une truite mouchetée puisse émerger de l’eau pour prendre un insecte au vol, la quasi-séniore transforma sa voix en gamine de cinq ans.


Cette femme vieillissante plongea dans son recul historique—et aussi vite qu’une grenouille de nénuphar puisse coller sa longue langue à une bébite. Tout ça pour dire, que ses paroles s’échappèrent comme une fuite de vapeur d’une pipe de chauffage endommagée.


Elle parlait comme la p’tite rousse qu’elle était auparavant. Elle se voyait clairement dans l’année 1964—une fillette de cinq ans. Avec ferveur, elle imitait cette jolie p’tite bambine d’autrefois. De plus, Linda Joanne Nilson s’imitait exceptionnellement bien!

***


‘Pourquoi t’as deux machines à laver, maman; celle-là, pi celle-là? —son p’tit index les indiquant. —Pourquoi, maman?’, la femme âgée de soixante-trois ans disait en faisant aisément son imitation de l’époque.


Linda-Joanne se simulait comme ça; l’autre, n’était que bouche bée pendant qu’elle se feignait comme ça. Norman ne disait rien du tout. Durant l’incertitude qu’il ressentait, il ne faisait qu’écouter; pourtant, d’ailleurs, c’était ça, son rôle.


‘Il est crucial', sa mère disait, 'que mes employeurs au Camp Lochalsh sachent avec certitude que leur literie sera toujours propre. —ses gros yeux démontrant son expression inoubliable!’


‘Dans le cas où une laveuse tombe en panne, disait Maman Lucienne-Marie Ouellet Nilson, ton Oncle Leonard la ramasse et la restaure dans son atelier de réparage; puis, il me la ramène. De cette façon, quoi qu’il arrive, j’aurai toujours une machine à laver en bon état, ma mère m’expliquait.’


‘Monsieur l’écrivain!’—tel qu’elle l’appelait souvent—poignardant par en avant. ‘Il ne faut pas oublier mon âge à ce temps là—ça fait au-delà d’un demi-siècle passé, ça! À cinq ans, le mot pourquoi était un mot que j’pigeais souvent de ma courte liste de vocabulaire—trop souvent, d’après ma mère!’


‘J’viens tout justement de t’dire pourquoi, Linda! aboya ma mère qui manquait de patience. Est-ce que t’écoutes quand je t’parle? Si oui, tu dois regarder le parleur, mon amie.’


L’écrivain réagit au dernier pourquoi joué de la p’tite gamine; la quasi-séniore lui faisait rire—la discussion ne faisant que continuer.


‘Pourquoi tu la casses, maman? je demandai ensuite à ma mère en belle phrase complète.’


‘Ce n’est pas moé qui la casse; c’est pas mal bête ce que tu dis là, Linda! Les laveuses-essoreuses à rouleaux cassent parfois; c’est normal.’


‘Oh-oh-oh-oh-oh-oh!’


Encore, l’écrivain ne pouvait pas se contenir; il était incapable d’empêcher l’hilarité qui chamaillait fort pour s’échapper. Son humble auditoire se couvrait la bouche avec le côté palmaire de sa main, espérant que Linda Joanne ne remarquerait pas ses p’tits éclats de rire.


'Ça c’est beaucoup de draps, maman! sa voix jouée propulsa.’

‘Oui, c’est vrai, chérie.’


‘Pourquoi? je questionnai en toute sincérité.’ la quasi-séniore disait de façon humoristique—sa voix grinçante feignant celle de la gamine.


‘Tu veux dire pourquoi j’ai tellement de draps; c’est ça ta question?’


‘Ouais! j’y répliquai.


‘Correcte, d’abord! C’est parce que dans le Camp Lochalsh, il y a beaucoup de lits à garder propres, mon amour! j’expliquai avec affection.’


‘En pasant, sais-tu, chérie; si t’avais un cuivre pour chaque question que tu poses, j’crois que tu serais l’enfant la plus riche de la Baie.’


‘Ça sent bon, maman!, j’ai dit ensuite en guise de changement de sujet.’


‘C’est une belle chose à dire ça! Merci chérie!’


‘Pourquoi tu laves tout le temps?’


‘On a besoin d’argent, ma p’tite pite. Quand je vivais à BolKow, ma mère nous faisait porter des sacs en plastique par-dessus nos chaussettes parce qu’elle n'en avait pas assez pour nous acheter des chaussures.’


‘Je ne veux jamais que tu portes des sacs sur tes pieds. —index à ma mère touchant mon nez. Tu comprends, p’tite fille?’


‘Pourquoi? mes lèvres y visaient à l’interrogative, encore.’


‘Ton père acheta cette maison du vieux barbier, Monsieur Paquette. Te souviens-tu de lui? On lui paye 600,00 $. Oncle Hilding nous avait prêté cet argent; maintenant, on lui repaye 30,00 $ chaque mois jusqu’à ce que la dette soit payée.’


‘Voilà la raison pour laquelle je lave tout le temps, je répondis.’


‘Pourquoi, maman?’


‘Tu es drôle, Linda; vraiment drôle—sourire et soupire de ma part.’


***


Norman écoutait toujours attentivement; avec ses yeux, il couvrait l’ensemble du salon de la quasi-sénior nommée Linda-Joanne lorsqu'elle parlait.


Du champ de sa maison à Trout Creek, il voyait sa cuisine—ainsi que sa salle à manger, aussi. Assis dans un fauteuil inclinable, l’écrivain se sentait très confortable—peut-être trop confortable, même.


Plusieurs œuvres d’art s’exposaient sur les murs autour de lui: des hiboux perchés dans des arbres, des cœurs saignants au milieu d’un arrière-plan vert, un porche de vieille maison quasiment délabré—ses meubles saisis en toiles d’araignées.


La voix de Linda-Joanne imprégnait la pièce comme un mégaphone utilisé sur un terrain de baseball; mais beaucoup plus douce—aigue, du fait qu'elle s'exprimait telle que la gamine qu’elle était dans le temps.


Les paroles venant de cette femme était le seul son que Norman entendait. Bien sûr, demeurer concentré sur une telle oratrice dramatique n’était pas difficile du tout—penché sur cette chaise inclinée, ou non.


***


‘En ce qui concerne le côté historique de la Baie,', Nilson continuait, 'j'pourrais facilement te raconter histoire après histoire, monsieur l’écrivain; certaines de celles-ci dateraient de loin—bien au-delà de l’époque d’exploration minérale! SCes historiques ne sont pas des secrets, sais-tu.’, déclara Linda-Joanne Nilson en déchaînant ses mots.


‘Les peuples autochtones de la région, comprisprospecteurs des alentours, adoraient raconter ce qu’ils savaient! C’est alors qu’on était tous conscients de ce qui s’est passé à Lochalsh.’


‘Ah ouais, on comprenait bien trop ce que signifiait l’expression les bons vieux temps, ici, dans le district.’


‘Apparemment, Norman’—Linda regardant carrément les yeux bruns à son beau-frère—‘durant ma jeunesse, j’étais une jolie p’tite tête de lecture, une rousse au visage tacheté similairement; ceci, on me disait à plusieurs reprises, était ma signature!!’


‘Tout au long de mes années de formation, ainsi qu’à travers mon adolescence’—la quasi-séniore parlant toujours pour elle-même—'mes meilleurs amis étaient mes parents. Imagine ça! Ils étaient mes meilleurs amis.’, répétait-elle. '


***


‘En grande majorité, mes pensées de ce p'tit nid nordique sont des bonnes, monsieur l’écrivain. À l’âge de huit ans, je tirais de la perdrix. Peu de temps après, peut-être comme quasi-adolescente, je faisais de la motoneige; puis, bien sûr, pas longtemps après ça, la pêche sur glace est arrivée aussi.’


‘J’adorais voir mon oncle Leonard couper ces gros blocs de glace du lac pour ensuite les déplacer et les stocker dans un bâtiment en sciure de bois afin qu’il puisse vendre des morceaux aux touristes pendant les étés.’


'Ici, dans la Baie, j’aidais, là, où j’pouvais; mais, pour moi, la glace glissante et lourde était difficile et dangereuse à manœuvrer. Malgré cela, je me suis efforcé d’être un rouage utile dans ce p’tit village—un de ces minuscules engrenages, si tu veux.’


‘Oué, oué! J’comprends.’, l’écrivain répliquait avec éloquence.

***


‘À part de ma famille immédiate,’, cette Linda Joanne âgée de soixante-trois ans persistait, ‘j’avais un grand ami—un seul! Il s’appelait Jerry Liddle. Nous avions, tous les deux, la même âge—neuf ans.’


‘Moi et ce garçon sur la route, nous sommes allés au cinéma ensemble de temps en temps; la structure en rondins en face de mon ancienne maison verte abritait une salle d’exposition à son intérieur.’


‘Là, se projetait des films sur un écran; un trente sous permettait d’entrer pour visionner le tout—une pièce de vingt-cinq sous, en autres mots.’


‘Certains achetèrent des collations au magasin local; ils les mangeaient durant ces spectacles. Jerry et moi, en tout cas, nous l’avions rarement fait; mon père, après tout, ne couvrait que les frais d’entrée.’


‘Au-delà de ça, moi et Liddle, nous travaillions la ligne de trappe de menés du Camp Lochalsh pour mon oncle Leonard. À cette époque aussi, aucun d’entre nous n’avait atteint deux chiffres en âge, tout fr même; nous assumions cette corvée estivale à plusieurs reprises au cours de six ans.’


‘Aussi jeunes que nous fussions, on a pu fournir Oncle Leonard, le bras droit du camp, avec tous les poissons-appâts qu’il pouvait espérer avoir—bien qu’on eût passé des bons moments ensemble.’


‘Des souvenirs chaleureux du travail de la ligne de piégeage percolent toujours dans cette caboche qui pivote sur mon haut de corps’—jointures crochues cognant légèrement à la tête d’oratrice à Linda-Joanne—‘les allers-retours en bateau, les longues promenades sur les sentiers sinueux, la camaraderie partagée.’


Alors qu’elle se cognait le crâne et l’écrivain prenait cela en main, un demi-sourire s’étendit sur le visage à Linda Joanne. Ça impressionnait Norman de savoir jusqu’à quel point elle s’amusait en travaillant avec ce copain-là.


‘Un jour,’, disait-elle, ‘sur cette même ligne de piégeage, une faim de loup nous frappa—moi et Jerry. On était court de nourriture à ce point. Faire frire du poisson sur un bâton est alors devenu l’ordre du jour.’


‘Sans perdre de temps, Jerry ajouta une broche métallique finement pliée en forme de crochet d’hameçon à l’extrémité d’une longueur de corde fine.’


'Comme il n’y avait pas de pénurie de poissons-appâts, plonger dans notre prise n’était qu’une évidence. Donc, un gros mené s’est fait piquer au crochet archaïque que mon partenaire m’avait façonné. Vite je la jetai au lac en guise de pêche.’


‘Laisse-moi te dire ceci, Norman; ce qui suit, n’est pas un mot de mensonge! Dans ce lac, les poissons étaient nombreux; ils enquêteraient sur un doigt humain si jamais quelqu’un en plongeait un sous sa surface—et, Bon dieu, si j’étais mâle, je ne me baignerais pas à poil!’


'Ha!', réagit l’auditoire amusé. Encore une fois, un sourire démesuré se repliait d’un bout à l’autre de son visage rougi. L’écrivain se sentait amusé par cette dernière douzaine de mots.


‘Dans le temps qu’il a fallu que Jerry Liddle puisse préparer et charger le bateau pour la prochaine étape de notre retour,’, lança Linda Joanne, je terminai quasiment de rôtir le gros doré que j’avais accroché.’


‘Encore sur celui-ci, un repas de poisson ne pourrait pas être plus frais que cela! Au fil des années, cette jeune rousse’—index pointant vers sa propre poitrine—‘y vécu la vie d’la Baie.’


‘En fait,’, disait-elle, ‘je respirais tout ce que cette place avait à m’offrir; j’adorais la Baie Lochalsh, Norman!'


‘Quand j’y pense, ma tête de jeunesse était comme une ardoise vierge à l’époque; une éponge assoiffée, historicisant les événements que j’avais investi dans dans lesquels j’avais investi à cet endroit.’


‘Voilà! C’est tout ce que j’ai à dire à ce sujet!’, concluait la conteuse.


***


‘Le jour de ma douzième fête,’—Linda-Joanne reprenant la parole—‘maman et papa me donnèrent une chaise balançoire de patio suspendue; après que mon père l’avait installée, on l’utilisait en soirée—maman et moi.’


Encore‘Beau!’, réagit discrètement l’écrivain avec étonnement.


‘À rythme doux, nous nous équilibrions vers l’avant et vers l’arrière répétitivement—pareil comme le doux mouvement perpétuel de vagues ondulantes sur une plage d’océan.'


‘Nous bavardions et bavardions; souvent, on ricanait de ceci et cela. On couvrait tous les sujets sous le soleil—la préparation des repas, en étant un grand.’


‘J’aimais cuisiner autour du vieux poêle Malboro avec ma mère; ça c’tait vrai! —particulièrement durant les jours froids où le refroidissement éolien le long de la quarante-huitième parallèle pouvait infliger des engelures à la peau en que quelques secondes.'


‘Hmmm.’, fredonna l’auditoire. Sur ce, Norman s’imaginait debout sur la glace d’un lac préféré; le facteur vent s’en mêlait. Ça faisait chuter la température en lui; en peu de temps, la conséquence de ses pensées-là fut réalisée.


Il frissonnait sur place dans ce fauteuil où il s’assoyait aisément comme un roi de France. Par suite—sans même le réaliser—l’écrivain claquait des dents!


***


‘Tu sais, Norman,’—inversant le topique de discussions—‘ce que je t’ai dit plus tôt au sujet de cuisiner avec ma mère; bien, ce n’était pas un mensonge. J’aimais cette femme de tout mon cœur; et mon père, je t’assure—autant qu’elle!'


‘J’peux comprendre ça.’, Norman interjetait.


‘Maman était grande lorsque ça venait à l’école; même si, elle-même, n’avait terminé que sa huitième année.


‘Ce n’est pas suffisant! prêchait-elle en ton grondant—doigtant, dans l’intervalle, la table avec intention. Tu dois faire bien meilleure que moi ma fille; m’entends-tu?’, imitait la quasi-sénior en se fronçant les sourcils.

‘Maman était grande lorsque ça venait à l’école; même si elle n’avait n’avait terminé que sa huitième année. Ce n’est pas suffisant, ça, Linda-Joanne Nilson! prêchait-elle à ton grondant. Elle doigtait la table avec intention dans l'intervalle.’


‘Tu dois faire mieux que moi. M’entends-tu?’, imitait la quasi-sénior.


‘Oui Maman, je grinçais tout irritée.’, Linda Joanne alternant sa voix pour s’imiter comme adolescente, cette fois.



***


‘Entre 1969 et 1974, après que Pâpâ prit sa retraite du Chemin de fer Canadien Pacifique, mes parents ne passaient que les étés à la Baie. Autrement, on demeurait à Wawa en permanence—et ceci étant exclusivement en raison de mes besoins scolaires, annonçait Linda Joanne à son auditoire.’


‘C’est ce déménagement-là—celui à Wawa—qui m’a permis l’occasion de fréquenter mes études secondaires à plein temps, Norman; un luxe que la Baie n’a jamais pu m’offrir.’


‘Alors, monsieur l’écrivain, ma mère avait raison au sujet de l’éducation; et, pour moi, ce fait de déménager à Wawa attestait purement à sa croyance inébranlable dans la croissance intellectuelle de cette être humaine.’


‘Suite à ce, j’faisais ce que maman m’avisait de faire; comme fréquenter l’école secondaire Michipicoten où j’avais étudié pendant deux ans—terminant, dans le processus, ma neuvième et ma dixième année.’

***


‘À tout temps, lorsque mon père—Charles Hébert Nilson—pensait à la Baie, il voyait cette p’tite communauté avec nostalgie. Vieux vert, sa demeure depuis 1945—l’année finale de la deuxième guerre mondiale—évoquait ses plus gros souvenirs en termes historiques.


Toutes ses mémoires persistantes vivaient profondément dans cette cervelle qui s’encaissait en lui. Pour mon père, mentalement revisiter cette place était quasiment comme remémorer sa joie de vivre.’


‘C’était pas mal ce qui semblait gouverner ses pensées ces jours-là; pour moi, c’était aussi clair que de l’eau de fonte de glacier—ce qui, alors, se comprenait pas mal bien.’, affirmait Linda Joanne.


‘Mon père avait toujours hâte d’aller à la Baie Lochalsh; hâte pour jouir de cette belle mémoire d’y avoir été résident en permanence pour des décennies. J’irais jusqu’à dire que rien ne lui rendait plus heureux—rien!’


***


‘Comme d’habitude, le Père Tremblay voyageait de White River jusqu’à la Baie Lochalsh pour célébrer ses messes là.’, disait-elle.


Chaque année, notre famille retournait pour un séjour en été; c’était quasiment comme revivre une vie de bon vieux temps. Ma mère aimait ça; et moi aussi—mais Pâpâ, lui, était au septième ciel lorsqu’on y allait.’


‘Arrivant au village, je prenais l’attitude de bien débuter mon séjour estival. Je plaçais toujours mes points sur chaque I; et religieusement, je croisais mes T, aussi!’


‘Pour commencer sur le bon pied, je me confessais à ce prêtre—oui, Norman, confessais! J’anticipais—dans le court terme—que l’approche jouerait pleinement en ma faveur.’


‘Une fois que le Camp Lochalsh prenait vent que j’étais de retour de Wawa, je me ferais presser pour une variété de raisons—travailler dans le restaurent du Camp Lochalsh étant la plus grosse de ces raisons.’


‘Avec Tremblay qui semait les graines de ses connaissances de confession—c’est-à-dire la nouvelle de mon arrivé—ça circulait vite à travers ce p’tit coin pittoresque—des électrons d’électricité mouvementés à pleine vitesse dans du fil de cuivre.’, disait-elle en souriant de satisfaction due à sa parallèle bien choisie.


‘Même si la conviction de ce prêtre ne permettait pas la propage des vérités du confessionnal,’, continuait Nilson, ‘le simple acte que j’avouais mes péchés en confessant en connaissance de sa miséricorde divine, lui permettait d’annoncer ma présence dans la Baie.’

‘En ne faisant que ça, ce prêtre ne révélait nullement les faits saillants associés à ma confession, elle-même.’, avouait-elle—doigtant son indexe dans les airs.


‘Linda-Joanne Nilson, la p’tite rousse aux taches de rousseurs, comme m’appelait le Père Tremblay, était de retour. C’est alors—puisque j’avais travaillé là depuis l’âge de onze ans, on m’incitait d’y retourner.


Même jeune comme cela, ça ne me dérangeait pas de le faire; j’aimais travailler cette salle à manger de temps en temps. Je servais des tables, pareille comme les adultes.


‘Depuis ce temps de jeunesse, on m’accueillait au Camp Lochalsh à bras ouverts; spécialement durant ces visites d’étés—tout ça, grâce au lapsus de langue du Père Tremblay.’


‘Même à l’âge tendre d’onze ans, je servais des tables dans ce restaurant. Depuis ces joursles-là, on m’accueille toujours au Camp Lochalsh à bras ouverts—et ça, grâce au lapsus de langue du Père Tremblay.’


***


Tout de même, mon beau,’—un autre surnom que Linda utilisait sur Norman de temps en temps—‘avec le recul, même durant mes années à double chiffres, je n’oubliais jamais ma plus grosse priorité lors de ces séjours d’été chez-nous: passer du temps de qualité avec mes parents.’


‘Remplir la fournaise du sous-sol avec du bois de chauffage, par exemple, était une de plusieurs choses que j’aimais faire avec mon père, même si c’était lui qui faisait la part du lion du travail.’


‘La chaleur rayonnée par cette fournaise que Pâpâ avait façonnée lui-même était très belle—réconfortante. Sa boîte à combustion était capable de recevoir des bûches de quatre pieds de longeur. De cette poêle chaude, une belle chaleur me réchauffait—et de la cheminée Selkirk, aussi!’

‘J’aimais être autour du four quand elle émettait sa magie en lueurs sèches; oh, que c’était facile à prendre! —particulièrement, d’après ma mémoire, sur les jours de froideur extrême en hiver.’

‘Parfois, mon père s’asseyait à côté de moi; il mettait son gros bras autour de mes épaules pour ensuite discuter de ceci et de cela. De quoi allons-nous parler cette fois, Linda-Joanne? ce grand homme me demanderait avec sa voix grave et profonde.’


***


‘Hier, la famille Liddle acheta une télévision couleur, Pâpâ! cette fille d’onze lui disait une bonne fois.’—doigt poignardant sa poitrine. ‘C’est vraiment agréable! Penses-tu qu’un jour, toi, t’en achèterais une? —ma fausse voix grinçante lui questionnant.’


‘Je manquerais les aurores boréales, si oui, Pâpâ me répondit.’


‘…’


Perplexe, l’écrivain ne faisait que fixer son regard sur les gros yeux bleus de cette rousse qui lui parlait; en elle, il cherchait l’explication pour les dernières paroles à son père.


‘Je ne disais rien.’, continua Linda Joanne en me retournant un même regard confus. ‘De mon point de vue,’, disait-elle, ‘je ne voyais que mon image comme jeune à l’époque: front arrondi, yeux grands en formes d’amandes—paupières bombées, aussi.’

‘Ma pauvre imitation de la voix à mon père résonnait en dedans de cette caboche-ci.’—un indexe taponnant dessus.‘Ça m’amenait à spéculer; et bientôt, à me demander intérieurement, où allait ce sujet de discussion farfelue.’


‘Norman, ou je veux dire, monsieur l’écrivain—cette conversation à la fournaise n’avait que débuté, je disais; et déjà, une pause enceinte et gênante planait entre mon père et moi et mon père—n’est-ce pas un peu bizarre, ça?’, cet adulte en rousseur interrogeait.


‘Il avait le don de dire des choses de même—le don, j’te l’dis! Manquer les aurores boréales à cause d’une télé? –-quelle ligne! Je me sentais confuse. Aurais-tu compris ça, toi—Norman?’, demandait-elle tandis qu’elle fronçait ses sourcils.


‘Ah-h-h! Pas vraiment.', j'y répliquais.


‘Ce p’tit souvenir persiste en moi.’—un autre doigt tapotant sur sa tempe gauche. ‘La pause silencieuse entre nous deux ne faisait que s’attarder; j'raînais dans l’oubli durant un compte de huit.’


‘Tu manquerais les aurores boréales! ai-je exclamé dans un effort pour continuer ce qui semblait du parlage baroque. Que veux-tu dire par ça, Pâ? C’est comme si tu parles un langage étrange.’


‘Honnêtement Linda, il m'y répondit, j’aurais peur que je serais tellement pris par les couleurs fantaisistes de ton téléviseur; et que je laisserais de côté ces verts et rouges et mauves des aurores boréales.’


‘Hum! j’interjetais, confus comme un lapin coincé par un lynx.’


‘Tu sais à quel point j’aime regarder cette luminescence dansante qui s’écoule vers ces vagues de lumière célestes du haut du pôle Nord—son indexe me doigtant en directe. Ah ouais, tu l’sais assez bien, toé! insistait-il, tout sérieux.’


‘Moi aussi, je les aime, Pâpâ! répondis-je avec l’humilité que je savais qu’il voudrait entendre.’


‘Ouais; c’est bien ça! Toi, tu es autant observateur du ciel que moé, soulignait-il. Sais-tu qu’elle est toujours là; je veux dire cette luminescence spectaculaire qu’on appelle l’aurore polaire?’


'...'


‘Cette tête rousse faisait signe que non,’, réagissait Linda Joanne—‘gauche à droite, gauche à droite. Ça pirouettait, même. Mes yeux virèrent ensuite en diagonale vers le grand homme analytique qui me regardait de travers.’


‘Eh bien, elles le sont, déclara mon père, le géant. À l’œil nu, on ne peut pas voir ces aurores; mais, selon la science, elles y sont, pareil.’

***


‘Écoute!’, disait ensuite Pâpâ. ‘Entends-tu la tranquillité ici? On dit que le silence est d’or; et que dans une telle paix, les mots ne sont pas même nécessaires du tout.’


‘Norman! Une longue pause s’attardait dans ce silence obscur tandis que j’attendais patiemment de nouvelles paroles qui s’exprimeraient par cet homme surdoué dans l’art du parlage.’


‘Comme une claque aux fesses, monsieur l’écrivain, le silence s’est rompu; un bruit étrange imprégnait cette belle sérénité donc que mon père y faisait allusion.’


‘Cliquetis, cliquetis—claque! Cliquetis, cliquetis—claque! Cliquetis, cliquetis—claque! Le son fut aigu; intrusif, même—plus achalant que n’importe quoi. Ma paume visait vers mon père pour le taire.


‘Ma tête fit une rotation de cent quatre-vingt degrés dans le sens inverse des aiguilles d’une horloge; mes yeux analysaient la situation qui m’achalait le cerveau. Puis, ensuite, elle vira dans le sens opposé. La caboche confuse, je ne voyais que rien.


‘Quel est ce son? je questionnai mon père. Je veux dire ce bruit de grincement; il semble porter un ton hydraulique—quasiment comme un roulement de tonnerre.’


L'écrivain confus pencha sa propre tête en hésitation, haussa ses épaules, en même temps. Lui aussi, était curieux de savoir de quoi il s’agissait.


‘Cela? ‘Mon père était comme ça; têtu, un peu. Pour lui, rien ne devait changer—absolument rien! Ne bouge pas un meuble de place—pas même un cendrier! Si oui, quelqu’un aurait besoin d’expliquer pourquoi.’gros doigt à Pâpâ visant vers une roue en fonte à rayons qui tournait laborieusement dans un sens inverse.


'Ouais, ça!'


'C’est une pompe à piston ça—une pompe à eau, il précisa.’


‘Cette machine est le cœur de quatre maisons—celle-ci et trois autres. C’est une pompe à piston alimentant de l’eau potable à partir d’un seul puit—le nôtre. C’est comme ça que le Canadien Pacifique faisait les affaires dans le temps—un puit pour plusieurs résidences.’


‘C’est un bruit hydraulique de soupage; aigu aussi—n’est-ce pas? La poulie que tu vois rouler fait tourner la courroie qui actionne la pompe. L’eau se fait fournie à une haute pression jusqu’à chaque domicile. Voilà! disait-il.’


***


‘Ah…hah, Pâpâ! Maintenant, je vois ce qui se passe, ici! Ouais, ouais; je comprends bien ta grosse diversion de silence! je lui ai dit. N’es-tu pas le sage?


Ce parlage d’aurores boréales et pompe à eau n’a rien à faire avec ce j’avais demandé tout à l’heure, n’est-ce pas? Tu en concoctes une bonne, là!’


‘Monsieur l’écrivain, je n’étais pas fière que mon père me déjouait de même pour éviter de répondre à ma question de téléviseur en couleur.’


‘Ah-ah-ah!’, exclamait l’auditoire. ‘Là, je comprends ce qui se passe.’


‘En autres mots, pas d’télévision colorée pour nous, hein? j’ai lâché.’


‘Non—pas de téléviseur couleur. Nous resterons avec notre noir et blanc; il est neuf depuis l'année '53—ainsi que la haute antenne au-dessus du toit! Deux canaux! Qui a besoin plus que cela? Mon père prit position.’


‘Je m’achèterais un téléphone avant d’aller à la télévision couleur; comme ça, nous n’aurions pas à utiliser celui de Tante Alma chaque fois que nous aurions besoin de contacter quelqu’un, concluait-il.’


‘C’était de même que la conversation terminerait, monsieur l’écrivain.’, disait Linda. ‘On pourrait dire que mon père avait son propre esprit, n'est-ce pas?’


‘Norman—changement de sujet—aucun téléviseur couleur venait dans la maison à mon père ; c’était une certitude, ça! Le topique fut battu à mort, tout de même.


‘Mon père était comme ça; têtu, un peu. Pour lui, rien ne devait changer—absolument rien! Ne bouge pas un meuble de place—pas même un cendrier! Si oui, quelqu’un aurait besoin d’expliquer pourquoi.’


L'écrivain se hocha la tête une dernière fois pour se mettre à la même longueur d’onde sur laquelle Linda-Joanne s'y trouvait. Son silence était plus que d’or; il était apprécié, aussi.

***


‘Travailles-tu au Prospect ce soir, Pâ? —le nouveau sujet à discuter.’


Linda Joanne imitait maintenant sa voix crépitante d’adolescence que l’écrivain remarquait aisément. Le ton de sa voix chevrotait—la tendance pour le son de monter dans les aigus d’après l’imitation de cette femme.


‘Oui! répondit mon père. Pas seulement ça, mais ce surveillant du club—doigt poignardant sa poitrine—doit même rester au-delà de l’heure de fermeture.'


'Le videur, on m’appellerait à ce point. C’est moé qui vide la place; personne d’autre—point final!’, sa fille imitait à ton de voix extrêmement bas.


‘Ensuite, vers cinq heures demain matin, je me dirigerai vers la voiture de pompage du Chemin de fer Canadien Pacifique—mort de fatigue, ou non! Il pourrait y avoir une voiture motorisée cette fois-ci; ça a l’air amusant, hein?’


‘Je vais peut-être—Couac! —servir des tables dans la salle à manger du Camp Lochalsh,’, Linda Joanne imitait sa voix rauque de juniore.


‘Ahah! Maman me l’a déjà dit, ça.’


‘Eh bien; nous pouvons regarder le ciel une autre fois, d’abords, je cédai avec un ton décourageant que mon père apercevait. Sa réaction fut immédiate—une autre claque aux fesses, je me suis dit.’


‘Oh, je vois, dis l’aveugle à sa fille sourde et sombre, Pâpâ Charles-Hébert me poignarda le cerveau avec.’


Réagissant, l’écrivain s’esquissa un p’tit sourire coquin au visage.


‘Drôle, Pâ; très drôle! —mon sarcasme projetait. Aimes-tu cette sorte de travail, au moins—je veux dire être le videur du club? je demandai en maintenant la route par rapport à son emploie de surveillance au Prospect.’


‘Pas vraiment; mais c’est de l’argent facile pour moi, ça. À cause de ma taille, tout ce que j’ai à faire est de me tenir debout comme un policier, il continuait.’


‘Sans questions, tout le monde fait la queue. —sourire au visage encore une fois. Ça paye d’être six pieds deux pouces de grandeur et peser trois cents livres!’


‘Monsieur l’écrivain! Mon père était un grand homme—pause d’hésitation—j’veux dire très grand! Tout de même, ça c’était le jour où j’ai tellement réalisé à quel point Pâpâ était terre à terre—à quel point précis, il était un être super réel. Ce qu’on voit, on obtient, j'y concluais.’


‘Suite à ça, je me suis tourné pour lui adresser encore. Je t’aime Pâpâ! je lui ai dit avec une voix instable. Ouais, son aiguë, cette fille de douze ans t’aime énormément.’


***


‘Lorsque j’y pense; je vénérais ce grand homme dans ce sous-sol. Une sensation me frissonnait tout de même le cœur à ce point; c’était vraiment mon père, ça—Charles-Hébert Nilson.’


‘N’importe ce qui se passe, Norman—mon corps virant pour lui faire face au fauteuil de mon salon—ces épisodes de cave s’attarderont en moi. Ils se démarqueront dans cet esprit pour le restant de mes jours—paume qui tape la poitrine. De ça, j’en suis convaincue!’


‘Tout de même, mon père avait une façon unique pour s’y prendre lorsque ça venait à la fermeture d’une topique discutée qui suivie son cours; il avait l’tour pour faire volte-face complète, même—ça c’est sûr!’


‘Le grand homme assis auprès sa fournaise à bois,’, persistait Linda-Joanne, ‘me serra ensuite plus près de lui. Il tapota le côté palmaire de sa grande main affectueusement sur mon épaule gauche. Je me rappelle si bien; ça me semble précieux, ce moment-là.’


‘Suite à ce, est venue une question absolument hors de propos—une manière typique pour ce Charles-Hébert Nilson!’, disait Linda-Joanne.


‘Hé! Quoi qu’il en soit, grand ou lourd, aujourd’hui, ces détails-là ont peu d’importance. Veux-tu m’aider à brûler des ordures derrière la maison? —son gros pouce doigtant vers l’est. Je veux dire les affaires que nous jetons là-bas? —sa manière de passer à autre chose.’


‘Non merci, je répondis en me grinçant les cordes vocales, deux doigts pinçant les narines tandis que mes yeux se plissairent—peut-être un autre jour! je lui lançai.’


‘Allons-y, alors! Ça commence à faire trop chaud dans cette cave. Peut-être on pourrait vérifier les pièges de lapins alors; que penses-tu?’


‘D’accord, je gesticulais.’


***


‘Quelques mois plus tard, les changements accompagnant l’arrivée de mon adolescence commencèrent. Tu sais de quoi je parle, monsieur l’écrivain. Nous étions tous là à un temps, n’est-ce pas? Tu l’as vécu autant que moi!’, poussait Linda-Joanne.


‘Ah-h-h; non—pas vraiment.’, répliqua cette personne au prénom désignant hommes de la Normandie—ceux de la grande noirceur.


‘Ne le nie pas, Norman; tu sais précisément de quoi je parle; oué—j’sais que tu le sais! Tu ne fais que l’ignorer puisque tu n’es pas confortable avec le topique; c’est évident, ça!'


‘…’


‘Quoi qu’il en soit, je bavarde bien trop à ce moment; je me coincerai avec mes propres mots maladroits si je ne fais pas attention. L’essentiel est que l’adolescence devenait évidente en moi au fur et mesure que j’approchais le tendre âge de treize ans.’, disait la quasi-sénior.


'...'


‘Ne dis rien si tu veux, Norman; tout de même, j’essaye de te dire de quoi d’important—c’est tout. Tu ne pourrais pas essayer un p’tit brin plus de me comprendre?’


‘Cette fleur attirait des abeilles dans le temps; ça m’arrivait bien trop rapidement, à part de cela! Pour moi, cette époque était déroutante. Dieu merci, car j’avais ma mère sur laquelle je m’appuyais beaucoup à ce temps-là; cette maman sage avait de quoi d’utile à dire sur tous les sujets, il me semblait.'


‘Puisque Lucienne Marie Nilson remarquait clairement que son joli petit bouton—moi—s’épanouissait, elle prendrait sa chance de dire sa part quand l’instant propice se présenterait—après tout, c’est elle qui m’a eu lors de ma naissance, et c’est elle qui me connaissait le plus.’


‘Une bonne soirée, cette nouvelle adolescente—doigt crochu dirigeant vers ce gros nez—entama une conversation. Le mouvement de la balançoire suspendue était doux; le ciel scintillait par des milliards de clins d’œil—et plusieurs étoiles filantes passionnant l’équipe mère-fille.’


‘Maman, tu étais né en 1920, n’est-ce pas? Mon débit de parole était clair et juste; même si je subissais tôt, la mue de voix à ce moment.’


L’écrivain souriaitl’écrivain souriait; il s’amusait en entendant Linda-Joanne imiter sa voix d’adolescence. Intimement, il riait.


‘C’est ça, chérie; c’est bien la bonne date, mon amour—l’année de ma naissance. Cinq années plus tard, je déménageai de Rivière-du-Loup à Bolkow.', disait-elle en souriant.


‘Je me suis installé à cette communauté la même année que Tante Alma s’est établie. Elle avait douze ans, dans le temps; et, juste en cas que tu n’as pas calculé ton affaire, moi, je n’avais que cinq.’


‘Ouais, ouais; j’comprends bien, maman; mais, comment se fait-il que tu aies arrêté l’école en huitième année?’


‘Longue histoire. En bref, il était temps que je me débrouille. J’ai donc obtenu un emploi de cuisinière ferroviaire pour le Chemin de fer Canadien Pacifique; ceci est devenu mon pain et beurre.’


***


‘Oh là-là, maman! Tu étais jeune à l’époque! Te sentais-tu prête? —je veux dire pour aller travailler là-bas seule comme ça?’


‘Pas vraiment; j’tais très nerveuse, même; mais, que veux-tu? C’est ce qu’on faisait à l’époque. On devait monter le cheval et rouler comme l’enfers; et ça, c’est précisément ce que j’ai fait.’


‘Dix ans plus tard, j’ai rencontré ton père. Il était un vrai monsieur; je t’l’jure—un bel homme à part de ça! Un gros sourire s’exprimait sur son visage. Il était homme de section; conduisait un wagon-pompe main entre White River et Chapleau, maman ajoutait.’


‘C’est alors qu’à vingt-six ans, le nom de Lucienne Marie Ouellet changea en Nilson. —Hésitation. —Oui, moi! Je vois la confusion bleue dans tes yeux encore une fois, elle m’affrontait avec. Qui d’autre est-ce que ça pourrait-être? —un rire submergeant son visage.’


En écoutant parler cette Linda Joanne, la face de l’écrivain esquissa de l’humour similaire à ce qu’elle projetait à cet instant; il demeura neutre tandis qu’elle imitait simultanément deux voix de façon humoristique.


‘Quoi qu’il en soit, ma mère continuait, j’ai devenue Lucienne-Marie Nilson une fois que nous nous sommes unis par le sacrement de mariage—moi et ton père.'


‘Des années plus tard, tu as devenu la deuxième enfant de mon lignage pour me bénir, elle me disait avec cœur—sa main gauche touchant légèrement mon avant-bras.’


‘Maintenant, chère fille, maman déclara, tu connais le restant de l’histoire. Te ressens-tu plus intelligente, là? elle me demanda—deux yeux formés en gigantesques soucoupes.’


‘Merci, maman, je lui disais en plaisant.’


‘Elle me tira ensuite dans ses seins; son câlin était précieux—ses yeux larmoyant comme une douce fonte printanière.’


‘Pour moi, Norman, termina Linda Joanne, ça, c’était un moment super spécial durant mon adolescence; j’avais vraiment besoin de ça, à ce point. Tout de même, j’étais loin de fini dans ce cœur à cœur.’

***


‘Maman, j’avais demandé ensuite, étais-tu jeune lorsque tu aimais les garçons, toi?’


‘Oh! Ça vient d’où cela? Les garçons, tu demandes! Eh bien, je suppose que je devrais être fière que tu me demandes quelque chose de même, ma p’tite pite.


‘C’est ça; dans ce grand cœur, tu demeures ma p’tite pite—tu seras toujours exactement ça, disait-elle. Je vois ton visage contorsionné; il n’y a rien que tu pourrais me dire pour me changer de position.’


'...'


‘Ahah…rien à dire; c’est ça que j’aurais pensé.’


‘Hmm… Les garçons, tu me dis. Tu peux trop les aimer, sais-tu. Ce n’est pas eux les êtres vivants qui portent les bébés pour neuf longs mois.—un indexe vacillant et faisant signe que non.'

'Ce n’est pas eux qui passent d’innombrables heures en douleurs d’accouchement—et ce n’est certainement pas leurs corps qui, suite à cette longue attente de délivrance, se déforment bien , se déforment au-delà de la reconnaissance.’


'Écoute-moi, Linda Joanne; les mâles de ton âge ne veulent pas en savoir plus qu’ils en savent, non plus! Crois-moi!’


‘Ils ne comprennent pas ces choses-là—du tout, même! Écoute-moi, Linda Joanne; les mâles de ton âge ne veulent pas en savoir plus qu’ils en savent déjà, non plus! Crois-moi!’


'Mais...'


‘Ah, ah, ah! Tu m’as demandé une question, mon amie…’


‘Ma chère Linda—voix douce suivie par une pause enceinte—toi seule, tu es responsable pour tes actions; personne d’autre! Les garçons qui t’infligeront des pressions pour agir contre ta volonté ne prendront pas ça au sérieux! Alors, mon amour, fais de bons choix, disait ma mère en grimaçant son regard sévère.’


‘En général, je n’ai jamais eu l’impression d’pouvoir faire confiance à la partie mâle durant mon adolescence; et pour répondre à ta question initiale, je les aimais trop tôt, ces gars-là—bien trop tôt! elle répéta.’


‘Donc—son clin d’œil me faisant contacte en directe—j’gardais mes jambes croisées, si tu comprends ma dérive. Voilà! Ce sont les paroles précises à ma mère—et, ce n’était pas surprenant qu'elle n’avait même pas terminée de m’aviser encore.’


‘Moé, Linda Joanne' —long soupire, j’attendais patiemment la vraie amour; pour moi, ça c’était pour être ma gratification différée—et, en fin de compte, c’est ça que j’ai trouvé dans ton père.


Personne ne prenait le meilleur de moi; je me suis promis cela—et voici ma vie!’—deux paumes ouvertes devant son visage vieillissant : une à sa gauche, l’autre en direction opposée.


Dans le village de Trout Creek, un silence doux s’y imprégnait entre Linda Joanne et son auditoire. Encore, l’écrivain ne disait rien; d’ailleurs, ce n’était pas sa place pour le faire! Diplomatiquement, alors, il attendit pour qu’elle reprenne la parole.


‘Le meilleur de moi, j’entendais réverbérer dans cette tête’—bout du pouce au front—‘je m’entendais dire; j’me suis accordé un moment pour réfléchir.


Soudain, une syllabification la longueur d’une corde à linge coula de mes lèvres comme une coulisse mouvementée.Involontairement, je baillais aux corneilles.’


'Je m’en vais me coucher, maman; il est tard; même les étoiles filantes ont cessé de tirer, et cela devrait nous dire quelque chose—bonsoir! Je t’aime comme cinquante-six bols de crème.’


‘Bonne nuit, ma p’tite pite; et doux rêves, chérie. Je t’aime aussi.'Un silence doux imprégnait l’air entre Linda-Joanne et son auditoire.


‘À mi-chemin sur les escaliers raides menant à ma chambre au deuxième étage d'la maison verte, j’y jetai un coup d’œil par en arrière vers ma mère inlassablement assise sur la balançoire suspendue qui n’grouillait quasiment plus.’


‘J’crois que je n’oublierai jamais le visage que je voyais ce jour-là, Norman!Ses yeux semblaient aussi grands que deux planètes; des filets d’humidités arrondissaient ses joues—deux réfractions linéaires et étoilées scintillant avec la noirceur du ciel dans l’arrière-plan.’


***


‘Le câlin de ma mère, le lendemain matin, fit ressortir en elle, une nouvelle teinte d’honnêteté. Vingt-six mots de suite sortirent d’sa gueule—pareil comme le glouglou d’un flot de mélasse qui versait de son contenant.


'Tu sais, ma p’tite; hier soir, je me suis finalement soumise à l’idée que, toi, ma chère fille, tu grandis. Bientôt, mon amour, tu seras femme, elle me disait avec émotion affolée.’


‘Dans le temps, j’embrassais le sol sur lequel maman marchait; je l’aimais tellement, monsieur l’écrivain. Parfois, je l’appelais entraîneur; elle était toujours là pour moi, offrant une charge de conseils lorsque le besoin s’présentait.’


‘Note bien ceci, Norman’—sa main, doigtant directement vers son front—‘en grande majorité, je suivais ses conseils. Tout de même, je dois t’avouer qu’à l’âge tendre de seize ans, je suis tombé follement amoureuse d’un mineur d’or—rien à faire avec ce métal précieux, cependant!’


‘Pour certains, ce n’était pas toujours le cas; gagner le gros lot étant une expression que j’entendais parfois à la Baie—un peu trop souvent, même.’


‘En 1974, j’étais avec enfant et en amour avec ce mineur dénommé Roy-Wenndelin Krell. On s’aimait énormément—ce qui nous conduisit vite à l’autel de Dieu cette même année-là—et dans cet ordre!’


‘Michel-Roy est né en ‘75; et l’année suivante, Kelly-Anne-Élizabeth est arrivée sur la scène. Ces deux étaient de vrais délices—ma fierté, ainsi que ma joie. Même aujourd’hui, monsieur l’écrivain, rien n’a changé—pas même une once!’


‘L’année du décès de ma mère était 1993. Mon père est mort une décennie auparavant; il avait souffert de complications cardiaques. Un jour, ce gros muscle dans sa poitrine cessa de battre.’, expliquait d’un coup sec, Linda-Joanne.


‘Lorsque ma mère est décédée, je me sentais confuse; je me souviens trop bien de cela. Souvent, je me suis demandé si j’étais laissé sur cette planète pour me débrouiller toute seule. Inutilement, pour une courte secousse, je la blâmais.’


‘Je me voyais là, cette rousse unique à face de rousseur de la Baie; abandonnée—laissée avec deux quasi-adultes prêt à quitter le nid.’


‘Secouant la tête, j’savais que mes enfants représentaient, pour moi, une grande source de plaisir; intérieurement, mon esprit s’ouvrit à ce point de vue. En un rien de temps, j’y voyais la vraie image—clairement.’


‘Michel et Kelly étaient une partie de moi; un morceau de leurs ancêtres, aussi. Parfois, mon propre père me disait du similaire; je me rappelle. C’est sa mère crachée! il hurlait dans le temps. Ce réveil m’a mis en mode de réalisation.’


‘En dix-neuf cent quatre-vingt-treize, la perte de maman était comme la fin d’une époque; comme la relève de la garde—le renversement générationnel, en autres mots. À partir de ce jour, rien dans cette belle maison verte ne s’est faite toucher—pas par nous, du moins.’


‘De temps en temps, nous prenions l’idée d’aller la voir, cette belle maison-là. Chaque fois, rlesien ne semblait dérangé, à part les effets néfastes que la nature jouait sur elle: le vent, le hale, la pluie, la neige, la gravité, les souris, les serpents, les oiseaux, les fourmis, les mouches!’


‘Des fantômes? on s’demandait. Ah oui; il y en avait dans notre Vieux vert—le surnom étiqueté à la maison que les Nilson y occupèrent pour quasiment un demi-siècle.’


‘Mes parents y demeurèrent—à temps partiel durant les dernières années—jusqu’aux dernières décennies du vingtième siècle—n’ayant jamais tout à fait quitté le bâtiment, en fin de compte—ni l’un ni l’autre.’


***


‘Auparavant, Vieux vert, c’est-à-dire cet ancien dortoir du Chemin de fer Canadien Pacifique, avait vécu une vie complètement différente. À ses origines, il était un bâtiment de style caserne abritant quelques-uns de ses employés. Avec le temps, il s’est fait transformer en maison—la nôtre.’


‘C’était précisément l’année suivant la défaite de l’Allemagne nazie et du Japon en 1945 que Charlie-Herbert Nilson et Lucienne-Marie Ouellet l’achetèrent; et c’était mon père qui ajouta son revêtement d’asphalte vert—rehaussant son caractère en l’faisant.'


'Voilà, monsieur l’écrivain : une vieille maison verte de la Baie Lochalsh, mais non pas son unique maison verte. La nôtre s’est faite raccourcie à deux seuls mots—Vieux vert.’, disait Linda en soupirant sa cargaison de nostalgie.


À ce point, l’écrivain fixait Linda-Joanne Nilson droit dans les yeux. Ses longs sourcils ondulants se relevèrent; ça paraissait qu’elle se préparait pour parler à nouveau—c’était clair.


L’écrivain se demandait si c’était ainsi qu’elle terminera son histoire. Au-delà de trente-trois mots suivirent, alors; les syllabes faufilèrent de ses lèvres comme une myriade de feuilles d’automne au vol, prêtes pour se déposer par-dessus la croute terrestre—là, la fin de cycle de vie.


‘Vieux vert.’, la rousse verbalisa à voix douce, ‘Même dénommé tel quel, ce bâtiment, un de trois dans ces beaux alentours, demeurera toujours, pour moi, cette belle maison verte des Nilson—la seule structure avec ce surnom à double syllabes.


(Non-fiction)





‘LA VRAIE HISTOIRE DE VIEUX VERT’



‘Le passé; prêter attention’


Partie trois


Par: Norman Guertin



Presqu’inaperçu, février glissa dans le prochain mois; l’hiver tenait bon pour tout ce que ça valait. Cette année, les belles accumulations de neige plurent à la grande majorité des motoneigistes du Canada—et en particulier, à ceux et celles dans le nord du pays.


À la partie centrale de ce beau continent septentrional où se trouve une province connue sous le nom, Ontario, les chaleurs solaires du midi faisaient penser au printemps.


Là, sur la quarante-huitième parallèle, de grosses accumulations de neige de l’hiver persistaient durant les jours initiaux du quatrième mois de l’an deux mille huit. D’habitude, les débuts de mars révélaient d’énormes changements saisonniers.


Une belle lueur de flocons cristallisés et étincelants descendait légèrement vers la croûte terrestre de la Terre; la scène était charmante—séduisante, même!

L’ambiance magique confirmait en réfractions le déclin annuel de cette saison plus froide que toutes autres. La grande majorité des motoneigistes n’avait pas hâte de voir une fin de cette saison; pour eux, même le mois de mars était bien trop tôt pour une telle finalité.


C’est toujours comme ça pour ces sportifs en motoneiges, année après année, bien qu’en fin de compte, tout de même, plusieurs d’entre eux apprécieront les hausses de chaleurs qui s’accoupleront avec ces changements.


***


Durant les premiers jours de ce quatrième mois, un groupe de sept amateurs de motoneige circulait sur un beau système de routes enneigées; des pistes plates et lisses—surfacées et bien aménagés.

Cette demi-douzaine-plus-un, sept grands explorateurs en hivers, voyageaient les pistes comme s’ils étaient au ciel; ils avaient accès complet au district d’Algoma—plus que ça, même! Ils auraient pu aussi accéder au restant du Nord ontarien, s’ils le désirait.


Heureusement pour moi, j’en étais un de ceux-ci. Ouais! —Je faisais partie du groupe. Ensemble, nous avions plus ou moins joué le rôle de touristes, des gens enthousiasmés qui faisaient une tournée hivernale de ce beau p’tit coin nordique du Canada; des Coureurs de neiges, on se considérait.


C’était le canton de Wawa qui est devenu notre port d’attache; de là, on conduisait dans les beaux alentours d’une variété de destinations—une différente à chaque jour.


Une bonne fois, nous nous sommes dirigés vers un endroit appelé Hôtel Halfway Haven. Cette entreprise était située précisément entre le point de départ original et la troisième plus grande ville dans le nord provincial; Sault Ste. Marie—le siège du district d’Algoma.


Pris en sandwich entre nulle part et nulle part, les machines à neige à deux temps n’avaient d’autre choix que de faire remplir leurs réservoirs de gaz aux prix exubérants des propriétaires opérant cette place isolée de toute autre compétition.


‘Une pièce et quatre-vingt-neuf sous du litre?’, Rhéal André hurlait à haute voix.’—ses yeux, ronds comme des soucoupes. ‘Moi, je n’paye pas ça! Au cas où je manquerai d’essence, ce bidon de gaz’—tape tape—‘devrait me sauver la peau’—paume de l’autre main ouverte, ses cinq doigts désignant le rouge de ce réservoir.


‘Tu as la même machine que moi, Norman; toi aussi, tu vas être correcte.’, disait-il. ‘On a rempli nos machines en même temps; l’efficacité en consommation est quasiment pareille entre la mienne et la tienne.’


‘Vrai,’, je répliquai, ‘mais moi, je ne prends pas de chance. je dépenserai dix pièces pour être sûr de mon affaire. je dépenserai dix pièces pour être sûr de mon affaire. Comme ça, tout sera correcte.’


‘C’est ton argent; fais ce que tu veux.’, disait mon frère. Tout de même, il ne se fermait pas la gueule avant d’avoir bien exprimé son point de vue—ce qui était normal pour Rhéal André.


‘Ces engins à deux temps se sont prouvés moins efficace que les nôtres lorsque ça vient à la consomption de pétrole; on sait tout ça. On ne veut pas se moquer d'eux, mais pareil, la vérité se trouve en notre faveur, je te dirai ça, frérot!’—tape tape à l’épaule.


‘Regarde! Ils payent par le nez pour satisfaire leur soif d’appareil; c’est un prix de fou, je trouve—un coût que, dans l’année 2008, n’est que du jamais vu.’


‘…’


‘Fini; j’en parle pu!’


‘Ha! On verra, grand frère. On y va?’


***


Durant notre tournée à motoneige, ce groupe de sept prit un jour de congé; au lieu de promener les sentiers du district en motoneige, on pêcha au lieu. Malgré ça, nul poisson s’est fait prendre ce jour-là.


Il n’y avait pas d’action du tout! —sous la glace, en tout cas. À sa surface gelée en épaisseur de trois pieds, un voleur à quatre pattes cherchait des repas faciles; il nous a certainement diversifié la vie durant cette belle journée de pêche.


‘Qu’est-ce qui s’en vient là-bas? Regarde!’—main doigtant vers le sud—‘un animal de quelque sorte. Il semble venir pas mal vite, celui-là.’, projetait la voix forte de mon neveu, André.


‘Un loup?’


‘Non, trop p’tit pour un loup.’


‘C’est curieux en maudit; je vais te donner ça!’


‘Ouais!’


‘Renard!’, criait le fils à Rhéal André. ‘Ça paraît qu’il s’en vient nous voir! Y a-t-il encore des menés qui restent?’


Ce quadripède de proie plus ou moins orange s’est fait nourri un bon nombre de ces p’tits poissons. Après tout, la pêche faisait pitié; alors, pourquoi pas s’essayer avec ce visiteur-prédateur? on s’est dit. De plus, le bel animal roux et charmant semblait apprécier les repas qu’on offrait!


Durant ce p’tit partage, la belle créature réussie à voler une de nos grosses mitaines en peau de phoque. Elle était faite à la main par une artisane isolée où les rayons solaires de la planète à sa quarante-huitième parallèle exercent beaucoup moins d’effet qu’ils le font ici. .


La grosse mitaine partit au vol en émettant une odeur dégelasse de gras sauvage; c’était une senteur qui propageait les alentours comme d’la pisse de mouffette.


Dans les airs, elle avait créé une gamme d’abstraits en parfums invisibles répandu à travers la forêt—des nuages de senteurs dégelasses qui, à la toute fin, attirèrent ce chasseur redoutable.


Elle était super précieuse, cette mitaine-là; une moufle de cette envergure ne se voyait pas souvent dans les alentours d’Algoma.


La demeure de l’autochtone qui la fabriqua se trouvait dans une de deux communautés isolées et jumelées dans le grand nord du Québec—une de celle-ci étant Inuit, l’autre, Cris.


Kuujjuaraapik-Wâpimâkuštui, ces jumelles s’appelaient—des paroles écrasantes pour le non-connaissant! Ce long nom comptait un grand total de onze syllabes en tout—vingt-cinq lettres et un trait d’union! Ça m’a pris une secousse pour bien pouvoir prononcer ceux-ci.


Tout de même, ces deux places se trouvent le long de la rivière de la Grande Baleine; dans la partie bien nordique de la province du Québec.


Jérémie travaillait là, à un temps; il enseignait dans une école Cris. Ça doit être là où il fit son contact avec l’artisane des mitaines; c’était surement elle qui lui en a vendu—une paire pour son père, et une pour lui.


Voilà! —la fin de l’histoire de la mitaine volée.


***


Tôt le lendemain, ce groupe de sept motoneigistes faufila pour explorer davantage ce beau district étiqueté Algoma. Là, la complexité des sentiers du Club de motoneige de la Fédération de l’Ontario se prouvait agréable; notre voyage hivernal, grâce à ça, progressait favorablement.


André-Ernest, le neveu natif de la municipalité de Wawa, se faisait surnommer le bon Samaritain de la bande. C’était lui qui dirigeait durant cette tournée; lui qui prit charge—dès le départ! Chaque jour fut étonnant!


Le point culminant du séjour était lorsque nous visitions une p’tite communauté appelée Baie Lochalsh. Là, on calculait voir une maison âgée qu’appartenait, un jour, un homme connu sous le nom Charlie Hébert Nilson et sa femme, Lucienne-Marie Ouellet Nilson—ainsi que leur fille, Linda-Joanne.


Cette place de résidence était la même maison dans laquelle Linda Joanne avait vécu ses années de formation et d’adolescence—cette même quasi-séniore qui, plusieurs années plus tard, me parlerait de son histoire de vie à cette place.

Linda adorait cette jolie structure que son père surnomma avec fierté, Vieux vert; et c’est cette même demeure qui se trouve extrêmement proche de son cœur—même aujourd’hui.


***


Cette gentille rousse m’avait déjà parlé de plusieurs histoires de sa vie là; elle m’en avait raconté pas mal! —m’avait parlé de cette ancienne demeure où elle vécut pour au-delà d’une décennie et demie.


À cause de la rencontre avec Linda Joanne dans le passé, je me sentais très prêt pour cette belle visite guidée en motoneige; ça m’excitait de promener les circuits dans l’Algoma, mais mais plus que n’importe quoi, ça me mouvait de pouvoir témoigner Vieux vert de mes propres yeux.


Durant le séjour mémorable en machine à neige, j’anticipais avec ferveur, me braquer sur la neige devant cette vielle place. Due au fait que déjà, j’en savais en masse à propos de la vie des Nilson dans ce village, je voulais, par-dessus tout, apprécier Vieux vert pour tout ce qu’il était.


C’est alors que le jour que je me suis installé là en motoneige de randonnée, immobile comme un crocodile, là devant ce bâtiment vert auprès de mes camarades, la belle scène esthétique qui se précipitait dans cette caboche fixée à mes épaules, me forçait de l’apprécier. Ça m’appelait; je l'jure! —pas plus que ça.


Il n’y avait aucun choix en la matière. Vieux vert était une structure frappante; impressionnante, j’irais jusqu’à dire—notamment du point de vue artistique, tel que j’exerçais à ce moment.


Vieux vert était incliné; très penché, même. Il fut porté par une variété d’éléments naturels à travers les années. Tout de même, elle démontrait du caractère en abondance; le nier, serait pratiquement impossible!


Plus que je l’admirais, plus ma mâchoire baissait. Je ne disais pas un mot; le bas de mon menton s’est quasiment rendu à ma poitrine dans l’intervalle. Face à sa belle hue verte que le soleil mettait en valeur, je me ressentais prit au point de manquer de paroles; ce qui ne m’arrivait quasiment pas.


Finalement, je me suis dit intérieurement, voilà la maison maganée dans laquelle Linda-Joanne Nilson avait vécu ses seize années de jeunesse. Méticuleusement, j’étudiais en profondeur, tout ce qui me pénétrait la cervelle.


La structure altérée révélait clairement cette inclinaison qui la définissait. L’image étrange fraya son chemin dans mes pupilles grandement ouvertes comme des planètes. L’imagerie atteignit leurs composants optiques avec rapidité—excitant alors l’artiste en moi, dans l’intervalle,.


‘Oh que tu es belle!’, je chuchotai pour que mon frère m’entend. 'La verdure de cette vieille place contraste bien contre toute cette neige dans l’arrière-plan; la trouves-tu belle Rhéal?’, j'ajoutai.


‘Ah ouais! Elle émet un sentiment d’être heureuse à sa place. Mais en même temps, Vieux vert me paraît épuisé, pareil—perdu, réduite, et au bout de son souffle—quasiment incapable de continuer, si tu veux.’


‘Ouais! Je comprends ça, Rhéal! Elle semble être à sa fin de carrière, n’est-ce pas? —comme si son bout de corde n’était qu’un fil fragile.’


‘Hé, frérot! Tu as mis le doigt sur le bobo—bien dit!’, affirma Norman. ‘Vieux vert, honnêtement, est vraiment ça—vieux! —point final. Tout de même, je trouve que sa crochue évidente est très attrayante, en même temps; bizarre, n’est-ce pas?’


‘Personnellement, Rhéal, elle est admirable; à l’intérieur de cette tête d’artiste, Vieux vert me fait crier de joie. Comprends-tu ce que j’essaye de dire? Ça me tente de l’dessiner; de l’capturer en photos—de conserver son souvenir.’


‘Ouais! Je comprends parfaitement, Norman. C'est toé qui est artiste—pas moé. Je te vois créer, un jour, une œuvre d’art avec cette affaire-là; c’est bien ça que tu veux faire toé—je l’sais moé.’


‘Hmmm…’


***


Mon frère et moi, nous étions plaisamment surpris par ce qu’on témoignait. On se sentait au milieu de nulle part, mais on savait, tout de même, que ce n’était pas l’cas; Vieux vert dominait la scène—dominait le moment.


Mon esprit décolla vers l’exclusivité d’une variété de pensées profondes. Agréablement, le cerveau droit assis dans ce crâne—jointures de doigts taponnant ma tête—sombrait totalement dans l’oubli. Mes pensées naviguaient en quelque part, mais où?


L’artiste dans ce corps d’humain se voyait composer des toiles, produire des p’tits croquis, et même éditer; je me voyais peindre la hue verte de la vieille maison frappante sur laquelle je m’y concentrais à l’instant. —pareil comme Rhéal suggérait.


Mon frère me connaissait de travers; il me connaissait plus que n’importe qui, même—peut-être plus que ma femme me connaissait! C’était bien lui qui pouvait anticiper mes futures actions.

Aisément, je voyais un besoin intérieur d’atteindre mes outils d’artiste; de plus en plus, il semblait que ça devenait quasiment une nécessité—un désir profond qui se révélait en moi.


Intérieurement, plusieurs frappés brusques de pastels à l’huile trempés dans mes solvants éclaboussèrent en action. Quelques doux coups de mon pinceau à sable blanc Robert Simmons 750 s’allongèrent en série de lignes fines sur une œuvre d’art spécifique. Une toute nouvelle création s'imaginait en moi.

En effet, cette personne au cerveau droit—comme je le suis—visualisait le potentiel pour un chef d’œuvre; délicatement, Vieux vert se matérialisait dans mes pensées profondes—déguisant un p’tit brin, la réalité de l’image qui m’affrontait l’esprit.


Cette vieille maison bancale était droite, gauche et centre dans cette grosse imagination qui se trouvait dans cette caboche fixée à mes épaules; ah ouais, ça m’occupait presqu’entièrement

De plus, c’était normal que l’art se concevrait aisément en moi comme cela; ça m’arrivait souvent, cela! Cette tête à chevelure argentée s’occupait bien avec ces détails qui me pénétraient la tête.


Depuis mon enfance, réaliser l’art m’était tout à fait naturel. Je supposais que mes rêveries d’œuvre potentiel n’étaient que des pensées crédibles qui pourraient, un jour, s’accomplir.


Souvent, de telles réflexions prenaient vie en moi. Un chef d’œuvre se formulait-il à ce moment-même, je me demandais? —un chef d’œuvre tel que mon frère en parlait? Dur à dire.


D’après mes expériences, de telles pensées prennent l’habitude de s’écarter ailleurs, à la place. Seul, le temps me le confirmerait; alors, au fur et à mesure que du temps passe, je l’saurai.

C’était normal que l’art se concevrait aisément en moi comme cela; ça m’arrivait souvent. Cette tête à chevelure argentée s’occupait bien avec ces détails qui me pénétraient le cerveau.


Réaliser l’art me semblait tout à fait naturelles. Je supposais que mes rêveries d’œuvre potentiel n’étaient que des pensées crédibles qui pourraient, un jour, se réaliser.


Souvent, de telles réflexions prenaient vie en moi. Un chef d’œuvre se formulait-il à ce moment-même, je me demandais? —dur à dire.

D’après mes expériences, de telles pensées prennent l’habitude de s’écarter ailleurs, à la place. Seul, un peu de temps me le confirmerait; au fur et à mesure que cela arrive, je l’saurai.


***


Tandis que, nous, les plus âgés des motoneigistes, on visait à tout prendre de cette incroyable scène devant nous, les quatre plus jeunes de notre groupe ne perdirent pas de temps à s’aventurer à l’intérieur de la maison que nous admirions.

‘Youpi!’, on entendait dire. ‘Allons-y; on entre? Ôte-toé de là; je m’en viens—à pleine vitesse. Tasse-toi, j’te dis! Avance; avance!’

Telle qu’une claque aux fesses, une porte de porche partiellement cassée s’est frappée fermée une fois que ces derniers disparurent de vue.

Rhéal et moi, accompagnés de notre guide, André-Ernest, on s’assoyait patiemment sur les sièges en cuir de nos machines à neige. Encore, on contemplait ce qu’on voyait; nous nous régalions les yeux en scrutant la scène dans notre champ de vision.

De ma part, je continuais d’apprécier, du confort de mon Cadillac vert vif, un beau Yamaha Venture GT, 2006, j’appréciais cette maison abandonnée.

Ça me traversait le nerf optique comme des courants de flux en mouvement; et pour un bref instant, une pensée farfelue de la structure débalancée baigna dans ce cerveau encaissé en moi. Des électrons voyageant dans un fil de cuivre.


À toute allure, la tour penchée de Pise me venait à l’esprit.

Une autre fois, , l’incroyable teinte verte m’atteignait; elle m’inondait l’espace cervicale comme une mer de nuances vives en vert-émeraude—cette couleur subtile d’un vert bleuté plein de vigueur.

La couleur était similaire à la pierre elle-même; ce minéral du groupe des silicates qui qualifiait de pierre précieuse—l’émeraude. Cette belle verdure inoubliable me plongeait vite en mode de méditation.


***


ICICICI Soudainement, je me suis fait tirer de mes profondes réflexions d’artiste. Chad, Jérémie, Érique et Patrique, ce quatuor de jeunes pleins d’pisse et d’vinaigre qui s’est faufiler en dedans du bâtiment qu’une quinzaine de minutes passées, est sorti en riant de leurs têtes.


La joie émue était extrême; ça riait comme des fous—une troupe d’hyènes qui gueulaient des appels sinistres sans gêne. La sérénité du moment fut gravement interrompue.


‘Écoute donc ça!’, exclamait André, tout surpris. ‘Il semble que tout fait rire lorsqu’Éric parle, Rhéal; il est vraiment capable d’influencer les autres, celui-là. Ça meurt en hilarité!’


‘Je l’sais.’, son Oncle Rhéal admettait. ‘Que veux-tu? Ils rient de tout; aux éclats—et très souvent, sans raison. Ça me choque parfois; ces quatre-là ne prennent quoi que ce soit au sérieux lorsqu’Éric les plonge dans un fou rire.’

Rire aux larmes de même n’est rien de nouveau pour eux—mais, au moins, ils rient de bon cœur—d’accord?’

‘Je suppose que oui; ça pourrait être bien pire—hein?’

‘Crois-moi, on s’attend à ce comportement de ces quatre—j’irais jusqu’à dire qu’une telle attitude est plus normale, qu’anormale!’

‘En tout cas, ce quatuor s’accorde aussi bien que des cordes de violoncelle dans l’Orchestre symphonique des jeunes de l’Ontario; ces gars sont de véritables amis! —et je veux dire ça dans la vraie définition de ces mots-là.’

Soudain, la niaiserie prit le dessus; l’instrument à cordes frottées décapotait—ça se voyait. Un bruit guttural fut provoqué par un autre fou rire—causant le hic du hochet.

‘Hic! Hic! Hic!’, fit le son glottal qui se propageait. Le hic du hochet dominait la scène.

Les quatre jeunes corps humains frappèrent la neige avec vigueur et sans hésitation. La poudre blanche revolait ici-bas. Qui savait de quoi il s’agissait—certainement pas nous!

Dans l’intervalle, une réalisation s’enfonça en nous; c’était notre tour de pénétrer la grosse bedaine verte de ce bâtiment surnommé Vieux vert; ouais—c’est à nous de parler d’amour, on ridiculisait.


Sans perdre de temps, on faufila en direction de cette entrée de porche gâchée par laquelle ces jeunes ont juste sorti. Elle paraissait endommagée; enfoncée par exprès, on y estimait.


***


Même agité tel qu’on était, ce trio d’adultes, moi, Rhéal, et André, on pénétra le porche à Vieux vert; une fois qu’on y était, une vite pensée brusque de salade atteignit mon cerveau—quasiment comme une choque électrique venant d’un fil à faible ampérage.


Ouais; c’est bien ça, l’idée d’une salade m’est venue à l’esprit salade—d’la salade jetée, pour être précis. En Vieux vert, mère nature effectuerait son propre degré de salade au cours des nombreuses années d’abandon.


Pourtant, en dedans de cette maison jetée en mélange, la myriade d’antiquités qui se trouvait en elle, demeurait intacte; pareille comme les parties individuelles d’une salade jetée—après le mélange, c’est compris.

Les chaises berçantes dans le porche en façade de la vieille maison, comme les tomates dans un bol de mélange verts, demeurèrent toujours ces mêmes meubles qu’elles étaient après ce long temps d’abandon.


‘Je ne peux pas croire ce que je vois! Elles ne se sont pas modifiées au-delà du normal; à part d’une bonne épaisseur de poussière et plusieurs toiles d’araignées qui les enveloppent, les intérieurs de ce vieux bâtiment me paraissent peu dérangés—surprenant!’, j’y concluais.


Avec précaution, je me suis frayé un chemin dans cet abri couvert qui projetait vers nos véhicules à neige—cette pièce bien vitrée et spéciale que Linda Joanne avait jugée, auparavant, être sa salle préférée lors des années de sa jeunesse.


De ses fenêtres-là, se voyait les plus jeunes de notre groupe assis sur leurs sièges de motoneiges, caquetant de rire à toute allure—le ridicule de la situation, évident.


C’était de la pure sottise, qu’on témoignait; une scène apparemment mimée dû aux fenêtres qui faisait tout taire—de l’action dynamique, et bouffonne en même temps.


Comme d’habitude, les raisons pour ces niaiseries n’étaient, pas du tout, évidentes; ça dominait la scène tout de même—et qui savait pourquoi!


***


‘Tu vois cette porte?’, me demandait neveu alors que j’photographiais ce que j’anticipais être de futures futurs travails artistiques. ‘C’est moé qui l’a fourré un coup de pied; avec cette botte, aussi!’—son doigt précipitant vers le bas. ‘Ouais; t’as ben entendu!’


André-Erneste ricanait tandis qu’il annonça ce fait baroque; l’artiste—c’est-à-dire moi—ne riait pas. J’ai fallu réfléchir un p’tit peu, mais je n’ai quasiment pas changé d’expression.


'Recule-donc un peu;’, mes lèvres régurgitaient, ‘porte enfoncée ou non, j’ai besoin quelques photos de ce porche Monsieur Maître de Destruction.’Clique, clique—et clique!




‘Merci neveu!’—un sourire forcé.


‘Pas d’problème, Oncle Norman.’, le neveu humilié répondit. Puis, il s’efforçait de concentrer sur son prochain jeu. M’énerver comme ça, ne fera jamais l’affaire., André s’est dit ensuite.


‘Du contrôle; en masse de ça!’, sa voix intérieure lui avisait. ‘Ça va me prendre ça; c’est certain.’


***


Dans le porche, quelques chaises berçantes pour ceux et celles autrefois détendues s’attardaient sur un planché à moitié décomposé. Un vieux cendrier debout se trouvait dans le coin le plus éloigné de la pièce—des murs de peinture écaillée, des toiles d’araignées scintillant partout.

me

sa‘Le père de Linda Joanne, le Suède de Stockholm, on l’appelait, s’est installé ici à la Baie Lochalsh une année après la fin de la Seconde Guerre mondiale—c’est-à-dire, en ’46.’, disait froidement André Erneste.

sa

‘Selon Linda Joanne, son père avait l’habitude de s’asseoir là.’—son doigt pointant vers une table blanche à sa gauche. ‘Il se braquait dessus pour travailler ses livres du Chemin de fer Canadien Pacifique.’

sa

‘Dans ces trois berceuses distinctes’—main gauche visant par en avant—‘s’auraient trouvé sa bonne femme, Lucienne-Marie, sa mère, Oriella Ouellet—ainsi que son oncle Léonard.’

‘J’crois que c’est comme cela que ça s’est passé.’, André évitait un ton coquin pour ne pas encore me frotter dans le mauvais sens.

‘Pourtant,’, poursuivant sa ligne de pensée, ‘la troisième chaise berçante n’est pas ici; elle est dans la cuisine en ce moment—alors de l’autre côté de cette entrée.’

Son pouce indiquait cette porte communicante par laquelle sa jambe négociait déjà pour pénétrer cette salle-là. Une fois dans la cuisine, se voyait tout de suite un vieux poêle à bois en porcelaine; et là-dessus, un fer froid qui attendait une nouvelle chaleur.

À l’extrémité des armoires, se braquaient deux vieilles machines à laver. Mon esprit n’avait pas eu à trop réfléchir; auparavant, Linda Joanne avait faite mention de ces laveuses à doubles essoreuses—ce qui rendit la visite de Vieux vert plus intéressante qu’elle l’aurait été, autrement.


En le voyant de première main, ça me semblait curieux, pareil; ma voix intérieure m’exprimait que chaque machine aurait certainement sa propre histoire; j’en était sûr. Une autre rencontre avec la Linda, peut-être?


Une image mentale de femmes Amish secouant des vêtements dans une p’tite baignoire d’eau bouillante balayait dans ma tête; ces machines à laver me semblaient modernes, soudainement. En tout cas, c’était certain qu’elles l’avaient sur ce système, ai-je déduit.


***


Négociant ensuite un ensemble d’escaliers précairement raides qui menaient au deuxième étage de cette structure fragile, les iris de ce fervent mélomane se sont agrandies considérablement lorsque je fixai mes yeux sur un ancien support de tourne-disques.


Sous celui-ci, se voyait un vieil organisateur de vinyles fait de métal en couleur cuivre; on dirait même un p’tit peu sur le bord jaunâtre. Une gamme de disques quarante-cinq y était organisé là; plusieurs se trouvaient insérés dans leurs propres jaquettes originales—un admirable éventail de musique venant de mon ère.


Des murmures d’excitation me pénétrèrent la tête en voyant des jaquettes de Beatles insérées dans le tout. Mon cœur fit un saut; mes yeux balayaient l’image qui m’animait les pensées.


Le meuble métallique entreposant ces quarante-cinq en vinyle se coinçait dans la salle supérieure; il était rempli à pleine capacité, à part de cela! Sa surface du haut supportait le vieux tourne-disque qui appartenait à ce système.


Par-dessus l’appareil, une lampe visait vers le plafond du couloir. Elle était déguisée en femme qui tenait un parasol par-dessus sa tête, ce qui était l’abat-jour de la lumière elle-même.


Accroupi bas, je suis resté bouche bée en étudiant la première jaquette de l’éventail. Sans que j’y pense trop, les paroles de sa première chanson vibraient en moi; ce glissement mental fut quasi automatique.


L’illustration sur sa veste était super belle—esquissée en couleurs vives. L’artiste en moi s’émerveillait par cette œuvre multicolore. Plusieurs mémoires me traversèrent l’esprit—des électrons en mouvement.


Dans leurs temps, ces enveloppes extérieures de même, servaient à protéger les disques quarante-cinq-tours de la poussière; c’était plus ou moins pour éviter que des grafignures affectent le calibre de la production musicale—pas une mauvaise idée, j’y réfléchissais.


Pour moi—une personne adepte au dessin—l’art qui s’annonçait sur cette première jaquette m’impressionnait amplement. Ça m’inspirait! C’était ça, le courant qui m’a le plus enchanté.


Méticuleusement, je faisais l’analyse critique des fabuleux détails sur la composition artistique que je dégustais cette couverture-enveloppe devant mes yeux. Elle était si belle que je ne pouvais pas l’éviter.


Elle était exceptionnellement belle. Je ne pouvais pas l’éviter—du tout, même! Son illustration me laissait inspiré au-delà de toute croyance.

***


L’examinant de proche, je voyais clairement qu’elle était le couvre-disque originale pour le vinyle qu’elle protégeait; sa couverture lisait comme suit: THE BEATLES' MOVIE MEDLEY, les lettres C-a-p-i-t-o-l s’élevant au-dessus de l’image d’un théâtre trouvé en Angleterre.


Sur celui-ci, la publicité d’un panneau d’affichage semblait bien éclairée; ‘Les Beatles’, s’est-il vanté: ‘A HARD DAY’S NIGHT AND MAGICAL MYSTERY TOUR, LET IT BE, HELP! AND YELLOW SUBMARINE’


L’écriture était claire comme le jour—là, sur la toute première jaquette de plusieurs qui étaient alignées les unes contre les autres dans ce vieux support de disques quarante-cinq-tours!


Instantanément, j’voulais l’entendre jouer; ce qui, bien sûr, n’était rien d’autre qu’un souhait pieux—l’électricité de cette vieille maison avait, depuis longtemps, été déconnectée.


Un coup de nostalgie m’emmena directement dans la mémoire. Clique et clique. L’ouverture de mon appareil photo y faisait son travail. La collection de mémoires s’y produisait.


***


J’ai toujours aimé les Beatles—énormément, à part de cela! Pour plusieurs années, John, Paul, Ringo et George demeurèrent des héros incontestables dans ma vie; des musiciens courageux—quatre artistes qui refusaient d’être enfermés dans des moules spécifiques de la société.


J’admirais le Fab Four pour les qualités qu’ils avaient en tant que membres de la race humaine; pas tout simplement parce qu’ils étaient célèbres dans le monde entier. Pour moi, c’était plus que cela.


D’un point de vue générationnel, les Beatles ont déteint sur beaucoup d’entre nous lorsqu’on était adolescentes et adolescents; chaque membre du groupe a fait effet sur les jeunes. Ils nous donnaient envie d’apprécier la poésie, l’originalité et la créativité. J’irais jusqu’à dire que ces quatre artistes eurent un impact solide dans le monde.


À travers le temps, de telles jaquettes pour disques quarante-cinq-tours deviendraient mes enveloppes de vinyle favorites! —pas seulement celles des Beatles, mais des jaquettes impliquant autres musiciens, aussi.


Elles mesuraient sept pouces et demi par sept pouces et quart, ces jaquettes-là; je me souviens bien! En ayant eu plus de sagesse à l’époque, je les aurais collectionnés—sans aucun doute!


***


Mes yeux plissèrent alors que j’examinais plus profondément cette célèbre image et jaquette des Beatles. Sous les annonces publicitaires du théâtre se révélait une image attrayante d’un John Lennon coiffé de cuir.


Il tendait ses bras en diagonal par-dessus sa tête; simultanément, il invitait les fans à venir à la grande ouverture de leur Magical Mystery Tour.


À côté de Lennon, s’étirait une autre image de lui-même. Ses bras se croisaient, cette fois. Sur sa caboche, un chapeau haut de forme s’élevait par-dessus son épaisse chevelure. Derrière ce dernier, la billetterie semblait ouverte aux affaires.


Comiquement à la droite du chapeau haut de forme, les quatre membres des Beatles se voyaient l’un à côté de l’autre. Dans leurs mains, ils tenaient tous des billets procurés pour leur propre spectacle; le quatuor sembllait avancer—bottes de Beatles noires et pointues aux pieds.


***


‘Jésus!’, exclama Rhéal-André en contournant le virage de l’escalier. ‘Les Beatles! Ça me ramène un peu en arrière, cette jaquette-là! Regarde au premier plan.’—son index gauche touchant l’illustration d’un chien.


‘Ce sont les torses du chien mort ainsi que celui du morse de leur célèbre chanson, I Am The Walrus—la toute première chanson enregistrée après la mort de Brian Samuel Epstein en 1967.’, Rhéal mit en lumière.


‘Te souviens-tu de l’entrepreneur britannique qui dirigeait le groupe depuis 1962; l’homme d’affaire qui, en ’61, est devenu curieux des Beatles—et signa un contrat de cinq ans avec eux dès le vingt-quatre janvier de la nouvelle année? Te rappelles-tu de ça, Norman—oui ou non?’


‘Bien sûr; je me rappelle de ça! Qui pourrait l’oublier?’, ai-je répondu.


‘C’est Gilles qui m’éclaira sur ces p’tits détails; bonne chose pour les grands frères, hein?’, Rhéal ajoutait. ‘C’était une bonne affaire qu’il se gardait autant à date avec les Beatles qu’il le faisait pour Elvis Presley!’


Intérieurement, le verset final de cette dernière chanson, Goo Goo Ga Joob, se rejouait répétitivement dans ma tête—les quatre derniers syllabes hurlés par le charactère Humpty-Dumpty juste avant sa grande chute du mur qu'il était assis dessus.


***


Toujours dans la position d'un receveur au baseball, je tendais ma main droite pour me rapprocher de cette même jaquette des Beatles; en la saisissant, je glissai le p’tit disque hors de son enclos. Soudain, d’autres souvenirs me percèrent le cerveau—l’inondation étant instantanée.


Beau! j’y pensais. Un sourire s’étirait sur mon visage une fois que je voyais l’adapteur jaune inséré au centre du p’tit disque dans ma main.


'J'les utilisais ces choses-là; à l’époque, ça nous permettait de jouer ces p’tits disques de quarante-cinq tours par minutes aux tourne-disques. N'est-ce pas chouette?’


‘Te souviens de cette affaire-là?’, ai-je demandé à mon frère.





‘Ah oui; je me rappelle d’en avoir cassé plusieurs en regardant la télévision, un soir—stupide, hein?’


'…’


Sans lui répondre, je ramassai d’autres disques quarante-cinq-tours; toujours intrigué, j’y lisais à haute voix les titres de chansons que je voyais—l’un après l’autre.


‘SOMETHING, COME TOGETHER, BABY YOU’RE A RICH MAN, ALL YOU NEED IS LOVE, KOMM, GIB MIR DEINE HAND (la Version allemande de I WANT TO HOLD YOUR HAND, la sortie de mars 1964), WE DON’T NEED ANOTHER HERO par Tina Turner (Thunderdome), et ROCK AND ROLL par Led Zeppelin.’


‘Superbe!’, aboya Rhéal-André. —‘Toute de la musique que je connais bien. Ça c’est de l’histoire, hein?’


J’aurais pu continuer de chercher d’autre disques, mais il y en avait tellement—et pas assez de temps pour toutes les parcourir. C’est alors que, soigneusement, j’y remis en place ceux que j’avais déjà dérangé.


Quel voyage sur la voie de la mémoire, pensai-je en entrant dans la chambre à coucher à droite. Rhéal, lui, est parti à la gauche—dans une différente de laquelle je me suis braqué debout comme une statue.


***


À cette chambre dans laquelle j’avais pénétrée, la première chose qui attira mon attention était un lit en fer forgé blanc; là-dessus, se couchait son matelas crevé, le trou étant de la taille d’un ballon de plage—le désordre, je supposais, dû à des coulisses de quelques sortes.


À ce moment-même, le garçon d'honneur y entra; immédiatement Rhéal échappa au-delà de vingt-quatre mots; c’était quasiment une phrase sans fin qu’il m’infligea avec—sa livraison étant directe et rapide.


‘Dégât d’eau!’, disait-il. ‘Regarde là-haut. Les coulisses linéaires démontrent toujours d’où l’eau est entrée; on n’a pas besoin de chercher plus loin que ça! C’est clair comme d’la boue!’, soulignait-il avec sarcasme.


‘Oué!’, j’y répliquais. ‘Et d'la jonque! Oh là-là! Examine ça!'—un côté palmaire de ma main gauche indiquant tous les effets à portée de vue—‘Y’en a des affaires icite—hein?’


On voyait de la vieille photographie des proches à Linda-Joanne, certaines emmêlées, d’autres encadrées, des vieux coffres, une lampe autoportante prête à projeter un éclairage indirect au plafond si jamais les électrons traverseront à nouveau ses fils.


Clique, clique—et clique! interjetait toujours le son de ma caméra.


À la renverse, tandis que je descendais les escaliers audacieux vers le rez-de-chaussée de la maison, tout comme Charlie-Hébert Nilson avait l’habitude de faire dans son temps, j’pensais à ce géant d’homme—ses grosses mitaines retenant sa masse considérable pour pas qu’elle chute au plancher comme un ancre de bateau jeté.


Rhéal, lui, suivi mon exemple de recul—et avec difficulté, lui aussi. Graduellement, nous nous sommes retournés dehors où se stationnaient nos motoneiges. Les quatre cousins se rassemblèrent avec nous de manière quasiment sérieuse—contrastant les bouffonneries d’auparavant.


Ce quatuor à jeune sang, cette fois, semblait plus apprécier leurs expériences à proximité de Vieux vert. Peut-être ils se voyaient bientôt au départ; peut-être que c’était ça! Réalisèrent-ils que ce moment spécial qu’ils témoignèrent ici, approchait sa fin—qui savait?


‘On voit,’, Chad disait avec sincérité, ‘comment l’érosion affecte le tout, hein?’—sa main doigtant le bâtiment en état précaire—‘C’est clair comme de l’eau de source.’


‘C’est triste qu’une belle maison comme ça s’est faite éroder par les éléments—mais que veux-tu? C’est la vie.’, disait ce plus jeune du groupe.


***


‘Clairement, trop de tassement de fondation prit place au bord sud du bâtiment à fur et à mesure que l’usure de l’érosion déplaçait le sol sous des actions de gravité et autres éléments naturels.’, j’y disais tandis que je référais à mes anciennes études universitaires en géomorphologie.


‘Conséquemment,’, j'y continuais, ‘le transfert progressif de grands volumes de matériel faisait que ce penchant qu’on voit présentement sur la structure devant nous, est bien évidente—et voilà que ma concentration en Géographie au niveau post-secondaire me suit jusqu’ici!’


‘La fondation de traverse de ce dortoir du Chemin de fer Canadien Pacifique s’est affaibli à travers le temps; il n’y a pas de doute. Tout de même, voilà la vielle maison à Linda-Joanne Nilson; Vieux vert—debout, mais quasiment écroulée.’


Intérieurement, j’y murmurais délicatement ces deux syllabes solitaires qui représentaient la maison à hue verte. —Vieux vert, elles réverbéraient.


L’ambiance historique de la place était indéniable; elle avait capté l’attention de cet artiste en ce jour de mars—pour moi, la verdure de la scène était sa caractéristique la plus frappante. —Clique; et clique!


***


La tante à Linda, c’est-à-dire Alma Lavoie, vivait juste en haut de la route de la maison des Nilson. La sienne était plus grande que la dernière; similairement, elle aussi, était verdâtre.


En tout cas, le revêtement de dehors de celle à Alma Lavoie avait un mélange de taches brunes au milieu de la couleur pierreuse; ce n’était que ça, la grande différence entre les deux extérieurs d’asphalte—juste ça!


Sur ces murs externes, nombreux p’tits plis furent créés dès le début de son installation; la difficulté de garder le produit lourd à l’horizontale en le manœuvrant, expliquait pourquoi c’était le cas.


Seules, deux maisons exceptionnellement vertes ont jamais existé dans le village; celle des Lavoie et celle des Nilson—bien qu’à l’extrême périphérie de la communauté, il y en avait une autre.


Laquelle de ces deux maisons villageoises ci-haut mentionnées était la vraie célèbre maison verte de la Baie Lochalsh—la maison des Lavoie, ou la maison des Nilson? Peu semblait savoir la réponse avec certitude.


***


À un temps, un vieil homme en colère s’est exprimé sur ce topique dit ambigu; il avait eu vent de cette confusion—souffla son haut comme une bouilloire sifflante de la province îlienne de Terre-Neuve.


‘Il n’y a qu’une seule fameuse maison verte à Lochalsh—une! N’embuez pas la vérité avec un flot de gris—car y'en a pas de telles zones!’, disait le vieillard.


‘C’est possible, j’admets, que certains peuvent considérer cette belle maison des Nilson comme telle, mais de tels discours ne sont que des tas de merde! M’entendez-vous? —rien que des gros tas d’merde!’


'Leur maison était fabuleusement verte; j’vais y donner ça!', admettait le vieil homme. ‘Mais, n’oublions pas qu’la place à Alma Lavoie était aussi verte que la leur; et elle y vécu dans la sienne pour quatre décennies—peut-être cinq, même!'


'Nilson, pour sa part, resta dans la sienne jusqu’à sa mort dans l’été de 1983; mais sa maison était vide pour quelques-unes de ces années-là—'xcepté durant les étés, j’dois admettre. J’pense qu’ya pas vécu là pour une demie du temps qu’Alma l’a faite.’


‘Alors, croyez-moé; la fameuse maison de la Baie n’appartenait à personne d’autre que cette femme ambitieuse nommée, Alma Lavoie! J’le sais moé! —j’tais là, tabarouette!’, le bonhomme piquait une crise.


‘Même aujourd’hui, cette majestueuse place est là. Ne faites pas d’erreur! —c’est sa maison verte qui est fameuse—pas celle des Nilson!’


‘C’était bien connue qu’la maison verte de la Baie appartenait à elle! Encore aujourd’hui, ce majestueux bâtiment à Alma Lavoie se dresse aussi fièrement qu’il ne l’a jamais été.'

‘Quand j’imagine la maison des Nilson, je vois un bâtiment avec de l’intégrité et beaucoup de charme; mais à vrai dire,’, continua-t-il, ‘j’pense plutôt aux draps et aux taies d’oreiller à gogo enfilés par-dessus la propriété. Sa femme avait le contrat du Camp Lochalsh, alors!’


‘Pour certains, le débat peut être une délibération ambiguë; mais l’essentiel nous ramène au simple fait que c’était notoirement connues que cette célèbre maison verte a toujours été celle qui se trouve en haut de cette colline!’


Le doigt de l’homme irrité visait à l’ouest où la maison à Alma Lavoie semblait dominer le village comme une église juchée haut en topographie comme on voyait dans le temps de la Nouvelle-France.


‘De plus,’, disait-il, ‘la véritable maison verte de la Baie compte des histoires pertinentes au développement du village. Écoute bien! Autrefois, elle était un bureau de poste, une école, un service de taxi, et une pension pour les enseignants ainsi que les prêcheurs—Catholique et anglican!’


‘Cette place était une entreprise d’activités—similaire à l’épicentre d’un tremblement de terre; là, j’vous l’dit, se trouvait l’épine dorsale de la Baie—oué, là!’


‘Demandez aux anciens qui font encore preuve de facultés; vous verrez à quel point j’ai raison.’, affirma ce vieillard confiant de son affaire.’


***


Continuant l’analyse de cette maison ancestrale à Linda-Joanne, je m’asseyais les jambes croisées sur le siège de ma motoneige. Mon frère me parla de l’inégalité de l’endroit penchant; le plongeon arbitraire de Vieux vert me semblait aussi intrigant que ça l’était pour lui.


J’ai rouvert mon esprit à une toute nouvelle vue; le côté artistique en moi voyait trop bien l’inclinaison de cette place améliorer le caractère de la scène que j’y analysais à l’instant. Sa pente angulaire et remarquable ajoutait suffisamment de charme pour m’inspirer d’y devenir proactif dans mes pensées d’artiste.


Deux bottes surdimensionnées me transportèrent un peu vers le sud-ouest de nos machines à neige alignées sur le sentier; devant moi, lorsque je virai de bord, six grands arbres en écorce de bouleau reculèrent l’image verte de ce qui me faisait tant penser à la tour penchée de Pise.


Plusieurs feuilles ratatinées et foncées balançaient partiellement couvertes de touffes de neige suspendues sur des branches juste en dessous du niveau de mon nez.


Des touffes de brins d’herbe traversaient la couverture blanche scintillante recouvrant le sol—clique, clique, clique, clique! J’y photographia quatre belles de cette scène surréaliste et sereine.


‘Youpi!’, je célébrais intérieurement alors qu’une composition en pastel et peinture à l’huile s’organisait en moi. Ces souvenirs sur papier photographique de la maison verte aideront énormément, je me suis dit.


Alors que j’aimais l’idée des grands bouleaux dans l’avant-plan, les peindre, cependant, pourrait être un défi, j’y supposais.


Sur place, je me suis fait une promesse personnelle et solennelle; une promesse de ne pas seulement mettre la vieille maison branlante à Linda-Joanne sur un tableau d’art, un jour, mais une promesse qui irait même plus loin que cela. Je raconterai son histoire, je me suis chuchoté.


Cela dit, je gardais à l’esprit la cargaison d’informations écrites sur la communauté de Lochalsh. Toutes ces anecdotes historiques s’attardaient là-bas en quelque part; ailleurs, à moitié couvertes de poussière et de toiles d’araignée—telles que mentionnées ci-dessous.


***


Mes expériences de première main comprirent aussi les anecdotes notées lors de mon dialogue initial avec Linda-Joanne Nilson; cette conversation ne faisait qu’ajouter à la pile existante de ressources que j’avais accumulée pour écrire.


Ce bref historique pourrait-il être le conte de Ann of Green Gables du district d’Algoma? L’histoire de Linda-Joanne pourrait-elle mesurer même un dixième de la romance de cette dernière, je m’interrogeais?


Dans une énorme imagination, serait-il même possible pour ce jeune caractère à la face en taches de rousseur d’y faire l’affaire?


Le mode de vie de la jeune Nilson parallèle-t-il à celui d’Ann Shirley au début du dix-septième siècle? D’une manière ou d’une autre, le fait-il du tout? je me questionnai à toute allure.


D’autres questions similaires se formulèrent en moi.


Ça se compare-t-il même un p’tit brin au conte de l’orpheline de onze ans qui était adoptée comme ouvrière agricole à la ville fictive d’Avonlea dans la plus p’tite province canadienne—sur cette île baptisé Prince-Édouard?


Soudainement, je secouai la tête; j’la secouai vigoureusement. Ma p’tite rêverie semblait loufoque; elle semblait si tirée par les cheveux qu’elle devrait être jeté directement à la poubelle où toutes les autres instabilités traînaient? Green Gables, j’y sondais—farfelue!


***


Vieux vert, je me suis doucement dit avec une tête plus claire; la belle maison à Charlie-Herbert Nilson et son épouse, Lucienne-Marie Ouellet.


C’était bien à eux, cette vieille place esthétique; eux, la maman et le papa à Linda-Joanne—cette rousse au milieu des jours de foin en Algoma.





De retour à l’année 2008, lors de mon excursion en motoneige à la Baie, j’avais bien raison à l’époque, je me suis dit lors d’une réflexion profonde et personnelle.


Ah oui, j’avais raison. Une histoire particulière correspond à chaque tambour—sept mots sages que mon père utilisait de temps en temps.


Linda-Joanne en saura plus qu’elle m’a déjà partagé à propos de cette fabuleuse maison verte; j’en étais sûr. J’y ferai un point d’en parler davantage; ça, je me suis promis aussi dans le temps.


Cette nouvelle réunion avec Linda-Joanne Nilson, en fin de compte, y prit place; mais ça prit place que treize années suite à ce beau voyage dans le district d’Algoma en Yamaha Venture GT—c’est-à-dire à l’automne de 2021.


Voilà une autre conférence de faits saillants qui ajoutera à toute cette accumulation d’information que j’utiliserai pour écrire cette histoire intitulée La vraie histoire de Vieux vert, je me suis conforté avec.


Tout de même, en fin d’hivers, 2013, tandis qu’une myriade de gros flocons blancs descendait sur la Baie de Lochalsh à toute allure, l’image du paysage affaiblissait au milieu d’une translucidité créée par une forte chute blanche qui tourbillonnait du firmament.


Le monde à Vieux vert se faisait atténuer par une infinité de flocons gras et aéroportée. Elles flottaient délicatement vers la croute terrestre de la planète Terre sur laquelle elle elles s’ancreraient au hasard.


Durant cette même tombée de neige, la maison verte des Nilson s’est faite raser au bulldozer; elle s’est faite chuter par terre précisément cinq ans après mon excursion de motoneige avec ces six autres passionnés qui m’accompagnèrent en ‘08..


C’était le fils à Linda-Joanne Nilson, Michel-Roy Krell, qui était responsable pour la tombée cette ancienne maison à sa mère. La place était sur le point de crouler, tout de même.


Le danger d’accident s’y augmentait de façon quotidienne—Vieux vert n’était rien qu’un désastre en attente de se produire.


Une équipe de travail de la Baie fut chargée pour le bilan du travail, tandis que Michel-Roy, en fin de compte, mit feu au grand tas de bois écrasé—un spectacle que Linda-Joanne n’aurait jamais pu supporter.


Ça n’a pas pris longtemps pour faire disparaître l’eau et le dioxyde de carbone de ce vieux bois; en brulant, la fumée monta au-delà de cinquante pieds dans l’atmosphère.


Les restants, c’est-à-dire les minéraux, furent réduite à une pile de cendres presque insignifiante; ce qui mélangea éventuellement à la nature—quasiment à l’oubli aussi.


Voilà une génération étonnante de souvenirs apparemment partis en fumée; pourtant, pour la fille de Charlie-Hébert et Lucienne-Marie Nilson, oublier sa vie à la Baie Lochalsh lors de ses années de formation, serait plus ou moins une impossibilité.


Pour Linda-Joanne, ses seize années dans cette maison à la Baie furent reculées dans le passé; elles étaient loin en arrière de la rousse maintenant âgée dans ses soixantaines.


D’après la quasi-sénior qui me parlait, cette série de seize années-là représentait un énorme morceau de sa vie; sa formation, ainsi que son adolescence—un épisode significatif si on considère la plus grande image.


C’est après ceci que nous, les êtres humains, on devient adulte, après tout! Ensuite, notre monde quadruple en grandeur—ou au-delà de ça, même! On s’accouple et on se marie; on engendre des enfants—et souvent, des p’tits enfants nous viennent, éventuellement.


En peu de temps, on se détache de l’étreinte familiale—on déploie nos ailes pour partir au vol! —librement comme de gigantesques blocs de glace se séparant d'un glacier mère. Ça, c’est nous.


Des icebergs nouvellement nés, claquant les eaux glaciales d’un océan hypothermique; la formation de vagues indisciplinées qui perturbent la sérénité de sa surface avec des éclaboussures d’eau vive et ondulante.


Nous, les humains, on est comme ces icebergs—libre pour vivre et s’épanouir


L’histoire, comme ces icebergs et ce grand tas de cendres brûlés de cette maison étiquetée Vieux vert, se réinventeront, un jour.Simplement dit, le temps passera à un nouveau relais.


La vie telle que les Nilson et les Krell la connaissaient autrefois, va de l’avant, pareillement—directionnellement de même, bien sûr. Prenez garde les lecteurs; prenez garde.


À défaut de circonstances imprévues, n’oubliez jamais votre passé; ne le laissez pas au mépris. La vie continuera; c’est ce que c’est. Nous sommes les gardiens de nos mémoires—personne d’autre. C’est ceci qui nous rappelle d’où on vient—et qui nous sommes.


La vie continuera; c’est juste comme ça. Par en avant; c’est continuellement la direction à prendre—similaire à la motion perpétuelle qui persiste et persiste.


Portez une attention particulière à la directivité dans vos vies; faites bien les choses—gardez contact avec ce qui était en manœuvrant votre navire à travers cette courte vie.


(Non-fiction—la fin)










Références


Récits personnels de Linda-Joanne Nilson Guertin de Trout Creek, Ontario, au cours des mois d’automne de 2021.


Les expériences personnelles de l’auteur lors d’un voyage en motoneige à la maison verte de Linda-Joanne Nilson Guertin dans la communauté de la baie Lochalsh en 2008—incluant une série de photos que j’avais prise de la dite Vieux Vert.


Heather, K. B. and Aris, Z., 1992, Geological and Structural Setting of Gold Mineralization in the Goudreau-Lochalsh area, Wawa Gold Camp; Ontario, Geological Survey, Open File Report 5832, 159p. Queen’s Printer for Ontario, 1992.


Moore, E. S. (1932). Goudreau and Michipicoten Gold Areas, District of Algoma. In Province of Ontario Department of Mines, Fortieth annual report of the Ontario Department of Mines, Part IV, (pp. 1-54).


Burrows, A. G. (1922). Notes on the Goudreau Gold Area. In Province of Ontario Department of Mines, Thirtieth annual report of the Department of Mines, Part IV, (pp. 39-44). Clarkson W. James.


Douglas, Dan, 1995, ‘Northern Algoma: A People’s History’ Toronto, Oxford, Dundurn Press.


Googleplex; Le complex de siège social de Google et sa société mère, Alphabet Inc., 1600 Promenade Amphitheatre, Mountain View, California


Steer, Bill, July 8, 2020 3:01 PM July 8, 2020 4:21 PM, Back Roads Bill: What’s up with all those ‘height of land’ signs in the North’, Village Ontario Sites











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